Ce qui se cache derrière Tibor Déry

Le recueil de nouvelles Derrière le mur de briques place Tibor Déry dans la position de l’observateur d’une Hongrie cadenassée par la répression. Si les personnages sont laborieux, sales, oppressants et oppressés, c’est la pointe d’humanité qui reste en chacun d’eux que l’auteur choisit d’évoquer. Avec finesse et lucidité.

La tonalité donnée à chacun des textes n’est jamais la même. Ainsi Les nouilles au pavot raconte avec dénuement la rencontre d’un détenu et de sa jeune sœur, réinterprétant du même coup les notions d’innocence et de culpabilité. On se rappelle au bon souvenir de Raymond Queneau dans Le papillon blanc, se délectant du caractère et du répondant de la petite Erzike, sorte de Zazie découvrant les joies de l’amour. Philémon et Baucis, ce couple de vieillards jongle entre comique et tragique sans qu’à aucun moment le lecteur ne sache s’il faut en rire ou en pleurer.

Tibor Déry est donc un créateur d’ambiance, à la fois virtuose et terriblement sobre. Un auteur rare chez qui d’emblée on perçoit l’écriture comme expression d’une liberté conditionnelle (il fût emprisonné pour avoir traduit Gide). De son œuvre ressort une Hongrie industrielle et grise, plongée dans le perpétuel brouillard de la dictature. Mais c’est depuis ce brouillard que surgit, en y regardant bien, quelques instants de vie aussi furtifs qu’essentiels.

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[LDG]

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