Caché en évidence
Maintenant qu'on se connait bien, je sais que vous me diriez si je vous bassine trop avec mes concepts bidons comme le livre de toilette ou le livre de salon. Celui de toilette, vous savez, le rigolo et facilement interruptible, celui qui parait concu pour ce qu'on y fait tant sa lecture s'accorde au moule de l'activité ? Celui de salon, comme l'est celui que Germain Huby nous livre, trouve sa place sur votre table basse ou à proximité de votre canapé lorsque vous vous y affaissez quelques minutes après votre journée de travail, vos commissions à l'épicerie, votre session de ménage ou de vaisselle ou ce que vous voulez.
Il s'agit là de petites pastilles, de vignettes pleine page recoupant des tranches de vie tantôt réaliste, tantôt fantasques et qui oscillent entre le cruel, l'absurde, la poésie et le réalisme. Le dessin y est appliqué et le texte un peu travaillé et, à bien y regarder, Fabcaro n'est pas loin. On y trouve le même rictus caustique, un trait similaire, des personnages trop étoffés pour une vignette mais qui s'y expriment beaucoup.
Le travail de Germain Huby est honorable, évidemment, mais le parallèle est trop évident. Malgré lui, il souffre de la comparaison évidente avec Fabcaro et son succès soudain et fracassant. Il a crevé l'affiche et ouvert une voie dans laquelle s'engouffrent d'autres dessinateurs, auteurs et scénaristes sans qu'on puisse parler d'opportunisme. Les deux s'illustrent depuis déjà longtemps et parmi eux s'est affirmée une locomotive. Germain Huby trouve une place dans le panache d'une tête d'affiche, certes, mais s'il est quand même présent jusqu'à figurer au catalogue du Tripode, c'est bien que sa valeur est évidente. Le bougre ne rattrapera peut-être pas le maitre mais s'est fait une place. Et ça, c'est déjà classe.