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La Confrérie des Libraires Extraordinaires
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3 avril 2016

Disséction de l'instant

avalanchesIl faut rendre hommage à Jean-Marc. Oui, j'appelle les auteurs par leurs prénoms, maintenant, et je les tutoie, même. Il faut te rendre hommage, Jean-Marc, et pour étayer cette idée nocturne et échapper au post laconique, il me faut livrer un petit quelque chose sur une bribe de son oeuvre, pour pouvoir cerner le bonhomme.

Jean-Marc Lovay n'est pas l'auteur qui a inventé l'architecture littéraire du rêve mais celui qui la manie le mieux. Si vous regardez La négresse et le chef des avalanches de près, vous vous apercevrez assez vite que les textes qui le composent sont à l'image des rêves que nous faisons tous. Rien n'est gratuit ni fantasque, tout fourmille de détails et de nuances qui traduisent tous et toutes une idée ou une pensée incroyablement précise que le cerveau humain ne peut échafauder si précisément que lorsqu'il est endormi. Mais Jean-Marc, j'en mettrais mes mains au feu, écris éveillé. Jean-Marc maitrise le rêve éveillé, celui qui masque des nuances réelles par des images fantasques qui s'imbriquent les unes dans les autres, se pourchassent jusqu'à ne former qu'un seul nuage, costaud et dense, pas massif pourtant. Jean-Marc maitrise la conception et l'exploration de l'impression qui compose notre réveil, les vestiges du rêve désormais éteint et sa transposition littéraire, ici en très courtes nouvelles qui nous souffle aux oreilles la raison de la lecture de ses textes. On est pas là pour rien.

Alors, d'accord, ca déroute un peu, au début, mais il faut savourer ces pages incertaines où on doit laisser l'auteur nous emmener là où il veut, lui accorder une confiance absolue, se laisser bercer par sa langue et le suivre jusqu'à comprendre son cheminement et le savourer.
Lorsque j'étais en première, notre professeur de français, monsieur Gilot, nous conseillait de refermer souvent notre livre pour nous repasser mentalement le chapitre écoulé. Même si le procédé, bien qu'académique et monotone, se matérialiserait presque par un entonnoir dans la bouche et un flot ininterrompu de littérature de masse à travers le gosier, fonctionne sur quelques textes obligatoires et/ou (mais finalement plus souvent ou) peu enthousiasmants, opposons lui Jean-Marc.
Avec Jean-Marc, change de manière d'échange avec le texte. Plutôt que de le laisser te gaver, laisse le venir vers toi. Fous-toi dans un fauteuil ou vautre toi sur une pelouse et laisse Jean-Marc ouvrir la marche vers là où il veut. Tu peux lui faire confiance sur la destination qu'il t'a choisi.

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