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La Confrérie des Libraires Extraordinaires
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3 février 2014

Le bon équilibre entre tout

melvile-couv

Espèce de petit branleur, on attend depuis l'Epiphanie que ramène des trucs supers, et tu nous laisses en plan !
Ah mais oui, mais non, parce que là, je ne ramène pas de la daube, attention. Je sais bien que j'avais promis American Prophet, Souvenirs du futur, des russes, des latinos, et tout un tas de Choses, mais changeant ma feuille de route presque tout le temps, je me prends moi-même parfois à contrepied.

Et après vous promettre Montherlant, un autre Carpenter, Lebedev en sachant qu'on verra ce qui se passera, je vous amène Romain Renard qui, lui, amène Samuel Beauclair. Et vous auriez tout à fait raison de me demander de qui il s'agit vraiment, puisque même auteur, Samuel Beauclair n'a d'existence que sur papier.
Il s'agit d'une bande dessinée de Romain Renard (qui apparait, par ce travail, très loin du statut de manchot) qu'il va falloir que vous lisiez, et que vous allez même lire en attendant mon Perec si un jour il arrive. Et puis même dans l'absolu, même sans Perec, vous allez le lire. C'est comme ca.

Pourtant, je vous l'accorde bien volontiers, l'histoire, du moins à l'énoncé, semble assez cliché. Il faut se figurer Samuel Beauclair, romancier pour faire comme Papa, reclus dans la maison de famille héritée quelques années plus tôt. Il y a des factures à payer, un éditeur pressé d'avoir un manuscrit, un huissier courtois mais professionnel qui appelle, et lui dans la maison du feu paternel qui tente de bosser, tournant en rond sous les yeux de madame au ventre rond. Et, par nécéssité d'avoir de quoi payer non les factures mais les clopes, la rencontre par la force des choses d'un couple du village, frère et soeur dans une maison un peu éloignée du centre.


Pour être franc, il s'agit d'un roman d'ambiance. Oui, d'accord, d'une BD, mais qui se lit comme un roman, et qui, finalement, trouve son équilibre entre les deux.
On trouve une petite touche de petite ville calme perdue en province comme on en a dans A History of Violence, on trouve des petits relents d'atmopshère de petite ville des Appalaches, mêlée au brouhaha de la vie parisienne que la distance atténue pas mal jusqu'à le rabaisser au rang de petit bruit de fond.
Nez à nez, également, que nous sommes face à une richesse incroyable qui va jusqu'à nous chatouiller les oreilles, on croit entendre quelques notes ponctuer les pages, et on ne le découvre que tard, mais une application disponible sur l'AppleStore indique les musiques qui ont accompagné Romain Renard dans son travail sur Melvile. Mais pour le coup, il faut prendre l'appli avec des pincettes, et ne pas se l'imposer, chacun devant laisser la mélodie qui lui convient accompagner la lecture.
Et surtout, surtout, parce que c'est là le plus bluffant, le travail fourni sur les couleurs qui jallonnent les vignettes. Je n'en dirais volontairement pas trop là dessus tant je m'astreins souvent à fermer ma gueule pour ne pas ôter toute saveur et surprise à la lecture de quelque chose que je conseille, mais vous me direz des nouvelles d'une page qui voit le ciel se couvrir et une tempête se pointer, et vous m'en direz encore plus sur l'exploitation des couleurs, de l'influence qu'elles peuvent toutes avoir sur les chapitres, atmosphères, articulation du récit, et de leur utilisation générale.

N'insiste pas plus et laisse tomber mon American Prophet qui ne tombera probablement pas (en fait, j'en sais rien) et même si tu veux lire American Prophet (et je t'y encourage) profite de ton passage dans ta librairie pour aller choper Melvile, l'embarquer chez toi, le lire et le savourer, parce que tu tiens là un truc franchement pas dégueu, pour ne pas dire carrément bien foutu.

Melville-3

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