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La Confrérie des Libraires Extraordinaires
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7 septembre 2012

Déliquescence de quoi ?

 

gallesOn retrouve toujours le même type de texte, non pas dans le contenu, mais dans la qualité (ou les) et dans les attentes qu'on place en eux. On a ceux qu'on attend, ceux qui nous rebutent et ceux dont on se fout; ceux qui s'avèrent bons, le fades et les daubes; les bien écrits sans intrigues ou les histoires géniales mais écrites avec les pieds; l'alliage thème+traitement+plume+ personnages+construction+dialogues; la présence de l'audace ou son absence qui laisse un bon nombre de pages vides et fades; le travail éditorial (j'entends la présentation, la couverture, la quatrième, l'objet en lui même, les papiers choisis...); et tout un tas d'autres critères. Et chaque rentrée offre son lot de textes qui, un peu comme au Master Mind, offrent toutes les combinaisons différentes possibles.

Ici, un auteur que je ne connaissais pas, un texte parmi dont je n'attendais rien et que je n'aurais certainement pas lu autrement, un pan de la littérature que je connais mal (en l'occurence, un roan gallois dont je peine, après lecture, à le qualifier de polar ou de littératur générale. Dison le roman noir, générale).
L'histoire peut faire penser au film Shame, avec Michael Fassbender, sorti l'an dernier, à ceci près que les personnages centraux sont deux et se tournent autour, à la différence du film qui tournait uniquement sur le personage de Fassbender. On a donc une demoiselle anonyme, sans doute fonctionnaire et qui voit défiler un tas de personnes devant son bureau aseptisé, et un bonhomme plus mystérieux qui lui plait. Et c'est très tôt dans l'intrigue que les deux s'envoient en l'air dans un parking souterrain, écrite comme un viol mais ce terme sera démenti par les deux cents pages suivantes. On la suit ensuite, elle, avec une mauvaise conscience et une déprime difficilement explicables, un mal être pâteux et un retour vers lui. Je voile volontairement une large partie du texte, si j'ai hésité à annoncer le texte comme polar, c'est bien parce que certains aspects m'y ont fait penser.

En fait, c'est le reste, qui pêche. Les histoires de dépendence sexuelle et/ou affective, de manipulation pour, de relation qu'on s'acharne à démêler pour pouvoir la définir laissent augurer une matère suffisante pour un résultat plaisant. Sur le thème, le travail de Déborah Kay Davies tient parfaitement la route.
On passera vite sur l'écriture, très simple et basique. Facile, en fait. Les phrases sont courtes et ressemblent plus à une rédaction de collège qu'à une écriture volontairement saccadée et bâtie comme ca pour provoquer une émotion ou une attente chez le lecteur. Ca dessert même les qualités du texte, finalement, et rend la lecture pénible jusqu'à éclipser les bonnes surprises du début, de juste avant la lecture, d ce moment où on tient le bouquin en main en se disant que pourquoi pas.
On a aussi, et je me dois de vous en faire part, pas mal de longueur. On rentre vite dans le texte, et soixante pages durant, on attend que le texte s'emballe, que le texte se rythme, et c'est finalement pendant ces longs chapitres de quelques pages qu'on attend l'intrigue en se lovant dans les carences du style.

Une fois refermé, on se dit que c'es bien dommage. Le matériau est assez riche, mais on aimerait bien avoir un autre éclairage sur les personnages, peut être plus fouillé ou plus profond, que celui que nous propose Deborah Kay Davies. On a une grande partie qu'on pourrait couper, mais qui donnerait un roman trop court pour ce dont il traite et on se trouverait finalement dans un grande maison, avec un étage mal meublé, certes, mais comment faire avec ce dont on dispose ? On ferait presque mieux de changer tous les meubles et toutes la déco, certes, mais est-ce que ca ne jurerait pas avec le rez de chaussée, du coup ? Et surtout, à quoi ressemblerait la maison entre le lit à baldaquin d'une chambre et l'armoire Ikea de l'autre ?
Comme quoi, ce n'est pas facile de retaper quelques chapitres d'un roman une fois que tout est (presque) bouclé...

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