Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Confrérie des Libraires Extraordinaires
Newsletter
Archives
Derniers commentaires
9 décembre 2012

Francis Scott Fitzgerald

fitzgerald

On a toujours cette envie qui poind pendant les rentrées littéraires et rushs durant lesquels sortent pleins de textes et plonge le livre dans une effervescence saisonnière: les nouveautés, c'est bien mais faut aussi lire du fond. Parce qu'à force de se gaver de nouveautés, on fatigue un peu, et c'est dans ces moments là qu'on s'apercoit que le fond est reposant. Alors si vous voulez échapper aux nouveautés ou juste faire un break, n'hésitez pas à prendre un Fitzgerald.

Je sais, je me répète et vous repond ce que j'ai rabaché tout le mois de juillet, mais Fitzgerald, c'est bien. Gatsby reste la plus grande claque que j'ai pris (venant d'un livre, j'entends, et puis même en général) et ses nouvelles le placent encore plus haut.
Evidemment, il me reste encore beaucoup de ses écrits à bouquiner, mais Fitzgerald est fascinant. Comme auteur, déjà, et celui qu'il était en dehors de sa plume rajoute encore à la brume et au smog qui l'entoure.

L'auteur en lui même est le fondateur de la littérature américaine telle qu'on la connait aujourd'hui et à ceci de remarquable qu'il construit ses personnages comme personne (non seulement) et qu'il les fait évoluer comme personne (en plus). Il arrive à bâtir des personnages ultra réalistes et qui passeraient sans problème pour des personnages tellement anonymes qu'ils ont éventuellement pu exister. On y trouve l'épaisseur de ceux qui qui vivent en dehors des fictions, on cerne ces fictifs presqu'entièrement par les mots justes de Fitzgerald et on prend plaisir à suivre non l'auteur mais ses personnages qu'il mène lui même où il veut. On repère la trajectoire que devrait avoir le personnage et la légère pichenette de Fitzgerald aux bons moments qui éloigne son personnage de ce qu'il aurait du être. Et on suit les tribulations du personnage en admettant qu'il est régit par un auteur mais en oubliant ce détail.
On prend plaisir à s'émouvoir (quelle que soit l'émotion) des évolutions de Monsieur ou Madame, on s'émerveille de l'architecture discrète mais essentielle de la plume de Fitz, de sa manière de construire ses personnages, de ceux qu'on cerne et qu'on voit évoluer, comme dans certaines nouvelles, ou de voir évoluer le personnage pour arriver à le cerner, comme dans Gatsby.

Et pour compléter ses qualités littéraires et faire entrer Fitzgerald dans le cercle fermé des très grand, il y a les à côté de l'écriture et le personnage enigmatique, complexe, maudit et difficile à cerner. Fitzgerald en serait presque un de ses propres personnages, complexe et très détaillé, un bonhomme compliqué comme en témoigne Zelda dans Accordez-moi cette valse, ou Gilles Leroy dans Alabama Song si on préfère un oeil extérieur ou plus actuel.
On aurait probablement du mal à le connaitre vraiment, Francis, finalement. Il appartient parfaitement à de genre d'auteur qu'on est certain de pouvoir connaître par ses écrits et ses textes mais qui est finalement aussi complexe, détaillé et ciselé et aussi fuyant et mystérieux que ces personnages. On a l'impression de le/les connaitre mais c'est en se penchant sur la question qu'on voit le manque déléments dont on dispose. Il se livre dans ses textes sans rien nous dire. Il est décidement fabuleux.

Et mieux encore, plus important que la forme ou le contenu, il possède une qualité que très peu d'auteurs peuvent revendiquer. Une fois que tu sors d'un texte de Fitzgerald, nouvelle ou roman, tu t'apercois que ce dont tu viens de profiter, ce que tu viens de lire est incroyablement riche à tel point que tu dois partager ton expérience avec d'autres qui aussi ont lu le texte. Il s'agit d'un auteur rare dont le texte nécéssite un échange entre lecteurs pour qu'on puisse en faire le tour et en profiter comme il le mérite. Le texe en lui même est tellement vaste qu'on prend un plaisir fou à y réfléchir dessus pour arriver à l'ingérer et arriver à le transmettre le mieux possible.
Ces auteurs là sont très peu, ceux qui arrivent à faire vivre un texte aussi longtemps après la fin de la lecture, ou même des lectures; ceux qui arrivent à pousser un lecteur vers un autre; ceux qui arrivent à donner autant de plaisir dans la lecture que dans l'échange; ceux qui arrivent à offrir des textes qui marquent autant; ceux qui arrivent, comme il l'a fait, à niveler la littérature par le haut

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité