ventura

Il y a quelque chose qui émane de ce genre d'objet. Pas de texte, n'en parlons pas encore, mais d'objet. Vous tombez dessus dans une librairie, généralement sur un comptoir (au vu de son épaisseur et de son prix, et l'éditeur joue forcément dessus) et, évidemment, ca vous pose question. Un tout petit texte, une nouvelle de quarante pages à peine, de Sylvia Plath qui, pourtant, est publiée sous forme de recueil plus ou moins importants et de textes, quoiqu'il arrive, plus longs que celui-là. Donc, si on publie un tel nom sous une forme aussi singulière, c'est bien qu'émane du texte quelque chose qui justifie le recours à cette forme-là. Faute de quoi, un ajout en appendice à un autre texte dans une édition d'autre chose aurait bien suffi.

Donc, pour cinq euros de plus ou de moins, pourquoi ne pas se l'offrir. Et c'est justement ça que l'éditeur a espéré et qui marche, et l'entreprise aurait été glorieuse si la valeur du texte était supérieure à son prix.
Parce que, je suis bien désolé de vous le dire, mais malgré Sylvia Plath: bon... La préface précise qu'il s'agit d'un texte de jeunesse refusé par tout un tas d'édieurs de tous bords et, à la lecture: bon... Une jeune femme dans un train qui finit par s'aperçevoir que le train ne va jamais s'arrêter et file vers nulle part avec, à son bord, des passagers conscients et résignés peut être un terreau fertile et peut accoucher d'un texte qui vaille le coup. Or, très vite, on a l'impression de se retrouver dans Lost. Une question, pas de réponse, une fin en queue de poisson. Alors que bourgeonnent des intrigues qui peuvent valoir le coup, la nouvelle se limite à une jeune femme qui quitte une forme de prison roulante avec la complicité d'une dame sans que jamais la raison de la présence des uns ou des autres ne soit évoquée. Ni la nature du train. Ni le parcours des contrôleurs et du chef de bord. Ni sa destination.

C'est le plus fustrant de cette lecture: une dame dans un train. Sans information. Malgré Sylvia Plath, on lit l'histoire d'une femme qui est là et on rallume les lumières quarantes pages plus tard.
Le procédé éditorial est particulièrement voyant: un texte qui n'apporte rien, considéré  comme facultatif avant qu'il ne soit édité, vendu à un prix faible dans l'absolu mais finalement élevé pour ce que c'est et, du coup, juste pour dire que c'est Sylvia Plath. Juste pour que ca figure au catalogue, peut-être, mais jouer sur l'achat d'impulsion traduit forcément un espoir de nombreuses ventes.

Alors, de dépit, on repart quelques pages plus en arrière pour s'assurer de la chose mais, non, il s'agit bien d'une dame qui n'a d'autre mérite que celui d'être par là. Et l'impression la plus bruyante qui sort de la lecture, hélas, c'est la déception. Tout ca pour ça.

Et pour cinq euros.