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La Confrérie des Libraires Extraordinaires
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7 septembre 2017

L'expérience aquatique

BERNE-COUVERTURE-ok

On trouve de biens étranges matériaux, parfois. Vous connaissez les pieuvres ? Vous les avez entendues parler et disserter sur nous ? Marie Berne, qui n’a aucun lien de parenté avec le canton (me semble-t-il), vous en personnifie une. Ou vous l’humanise, en tout cas.

Imaginez-vous, donc, une pieuvre pêchée un jour par une main d’enfant et qui se retrouve finalement par habiter un aquarium quelconque dans le salon d’un cinéaste. Le postulat de base n’est pas si complexe et les péripéties de l’acheminement de la pieuvre jusqu’ici sont passées sous silence, l’histoire ne le dit pas. D’un autre côté, l’exercice auquel Marie Berne s’est livrée ne se résume pas à la trame facile, ou tout du moins potentiellement commune, de la trajectoire physique d’un animal quelconque qui donne son nom au titre. Ici, la pieuvre pense et parle. L’homme est son sujet d’étude et elle voit la réciproque, elle regarde l’homme la regarder et en faire son sujet d’étude. C’est une collision de regard que Marie Berne nous livre.

Le résultat est nébuleux, mais pas désagréable. Placé comme sujet d’étude qui place le narrateur en sujet d’étude, le personnage principal qui se place secondaire bien qu’il ne le soit pas rend la construction du texte intéressante à suivre. Le choix de l’animal interroge aussi et donne un certain cachet au texte. On se retrouve vite dans un cocon gluant et chaleureux, humide et agréable comme peut l’être un texte de Supervielle, malgré l’absence d’onirisme.
Et pourtant, quelque chose cloche. Même si la construction, l’idée générale et le choix du personnage principal tirent le texte vers le haut, on regrettera le manque de charisme du personnage humain. Trop vite, il manque de densité et le regard lucide, tendre et acéré de son observatrice part un peu de travers. Certes, son immobilité la condamne à ne le regarder que lui, mais sa fascination ne prend pas tant que ca sur le lecteur. Au fil des chapitres, on espère, tâtonnant, trouver les aspérités de l’humain ou de l’intérêt de la pieuvre, et très vite, le texte devient bancal. L’intérêt de la narration et celui des personnages ne s’équilibrent plus, et à l’image de Watership Down, paru l’an dernier, l’effet de surprise initial s’estompe devant les carences des ficelles plus conventionnelles qu’on voit délaissées.

Bien sûr, on voit très bien l’intérêt du texte et la motivation de ceux qui nous l’acheminent, mais il manque quelque chose. Une densité qu’on espère, sans doute.

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