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La Confrérie des Libraires Extraordinaires
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10 juin 2020

Arythmie

Oui, je sais, j'enfonce parfois des portes ouvertes. Ici, par exemple, parler des Désastreuses aventures des orphelins Baudelaire n'est sans doute pas le billet le plus original. Mais je m'en fous, parce que c'est d'une adaptation particulière dont je vais vous parler aujourd'hui. Vous savez, celle de Netflix qui vend du rêve.

Pour mettre dans le bain les ignares comme moi qui n'ont jamais lu les textes, le narrateur s'appelle Lemony Snicket et conte les aventures de trois orphelins vachement plus intelligents que la moyenne et les suit dans leurs pérégrinations et leur brinquebellements d'un tuteur à un autre. Le premier veut mettre la main sur leur héritage et les poursuit d'aventure en aventure, de tome en tome et, dans le cas présent, d'épisode en épisode. Du coup, on finit presque par verser dans le polar.

Contrairement au film avec Jim Carrey et Meryl Streep où le rythme est dense et effréné, celui de la série avec Neil Patrick Harris pêche un peu. Puis beaucoup. Quand dans l'un, vous ne respirez pas, dans l'autre, vous attendez. Vous ne savez pas quoi, mais vous attendez. Le choix de Neil Patrick Harris pour interpréter l'oncle extravagant, mauvais et calculateur vend du rêve et en vend beaucoup mais les faiblesses se montrent vite lorsque Harris, pourtant excellent comédien mais connu principalement pour son rôle dans How I met your mother, ne verse plus que dans son personnage d'alors. Le trentenaire new-yorkais exubérent, menteur et sympathique mais évoluant dans un environnement réaliste et terre-à-terre surgit tout le long des épisodes sous les traits de l'oncle des orphelins et de l'univers onirique et fantaisiste de l'adaptation des textes de Lemony Snicket.
Plus encore, la déception est palpable quand il devient le seul personnage celui autour duquel les épisodes tournent non par le personnage mais par celui qu'il l'interprète. Les autres s'en trouvent écrasés: les orphelins, ingénieux dans les textes et dans le film, se trouvent réduits à des enfants normaux; le banquier affable devient incapable de convaincre le spectateur à force de se déployer comme invraisemblable et grotesque; les personnages secondaires finissent par ne plus avoir que deux ou trois scènes différentes répétées indéfiniment au sein des épisodes qui leur sont consacrés.

Peut-être que c'est là que l'adaptation pêche: la finesse est indispensable pour écrire du grotesque. Vous ne m'en voudrez donc pas de profiter de votre envie de découverte, si vous souhaitez la diriger sur les Orphelins Baudelaire, pour vous aiguiller vers le film si vous souhaitez le condensé ou les textes eux-même si vous optez pour la totale.

 

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