Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Confrérie des Libraires Extraordinaires
Newsletter
Archives
Derniers commentaires
20 octobre 2013

Le ton juste du bûcheron

Cet article marque le début d’une collaboration que j’espère longue et fructueuse à la Confrérie ; pourtant le temps n’est pas à la fête. En effet, l’info vient de tomber, le 17e classement annuel Livres Hebdo de l’édition française marque le renforcement de la concentration dans le monde de l’édition. Ce n’est pas une bonne nouvelle. Ce n’est pas une grande surprise non plus mais l’irrémédiable semble se produire et donner raison à André Schiffrin qui dès 1999 dans L’Edition sans éditeur nous expliquait le phénomène depuis son fauteuil d’éditeur New-yorkais. En France, les dix principaux groupes cumulent désormais près de 80% de l’activité de l’édition française. Hormis Hachette et Editis, les deux géants de l’édition française, le rachat par le groupe Gallimard du groupe Flammarion en 2013 et l’acquisition du groupe Payot & Rivages par le groupe Actes Sud sont suffisamment éloquents pour illustrer la tendance. A l’inverse, le chiffre d’affaire des structures indépendantes est à la baisse (-4,1%) et malgré le soutien relatif de l’Etat et l’appui de quelques journalistes et libraires curieux, la diversité éditoriale est toujours plus menacée et les bons livres noyés dans une masse difficile à contenir.

D’où l’envie de vous paLa-Scierie-Anonyme-Griparirler d’un titre qui, chez votre libraire, ne se trouve ni sur la table Gallimard, ni sur la table Hachette, ni même sur la table Flammarion, non c’est un peu plus loin, à l’écart, là dans le coin que vous tenterez de dénichez La Scierie, récit anonyme paru aux éditions Héros-Limite. L’histoire est simple : Un recalé au bac travaille dans une scierie quelque part en Sologne pour gagner de quoi subvenir à ses besoins. Celui-ci, issu d’une classe que l’on devine non-prolétarienne veut prouver aux autres mais aussi et surtout à lui-même qu’il peut tenir le choc d’une vie de labeur dans un environnement hostile et inconnu. Il y parvient mais son caractère s’en verra modifié. Il s’endurcit aussi bien physiquement que mentalement, et l’auteur en profite pour pointer du doigt la bassesse et la méchanceté plus forte que tout lorsque les relations à l’intérieur d’une équipe s’enveniment et que « ce métier de chien » devient insoutenable. Ce texte est l’occasion d’une immersion dans un monde où tous sont logés à la même enseigne. Sans véritable intrigue, ce témoignage traite de la dureté des conditions de vie des ouvriers du bois, mais aussi de l’abrutissement au travail et de la difficulté des relations humaines. Surtout, c’est un récit poignant qui marque le lecteur par la simplicité et la justesse des phrases. Simplicité et justesse du geste d’un homme face à une scie qui ne tolère aucun écart.

 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
A
Longue et fructueuse ta participation sera, l'ami ! Bienvenue à toi !
Répondre
Publicité