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La Confrérie des Libraires Extraordinaires
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18 novembre 2011

Du domaine des Murmures

murmuresDu domaine des murmures appartient à cette catégorie très fermée des bouquins que j'aurais du mal à défendre avec la même justesse et la même ardeur avec lesquelles ils ont été écrits. Je ne suis pas sûr d'arriver à le défendre comme il le mérite, et Dieu sait que son mérite est grand (c'est d'ailleurs parce qu'il est grand que la tâche s'avère ardue).

Il me faut vous avouer quelque chose. Puisque la première chose qu'on lit d'un bouquin est généralement sa quatrième de couverture, il faut que j'apporte certaines précisions là dessus. La jeune Esclmarmonde dont il est question, qui en plein Moyen-Age plaque son fiancé à l'autel n'est pas enfermée après l'ire de son père mais conformément à sa propre décision. C'est d'ailleurs de là que tout part. Carole Martinez ne livre pas que l'histoire d'une jeune femme qui décide de vivre recluse et de se donner au Christ, mais de tout ce qui se passe en marge, de tout ce que cette décision provoque dans la seigueurerie. Le tableau du Moyen-Age est ici fabuleux.
Et c'est tout à propos de l'histoire elle même, elle est tellement riche que le moindre spoil l'écornerait.

Pour autant, j'ai une dernière précision à propos de la quatrième. Certes, Gallimard lâche le terme de puissance poétique. Il ne faut pas en avoir peur, loin de là. Même si un paquet d'auteurs se cache derrière ce terme pour justifier leur plume et masquer le roucoulement sirupeux qui en ressort, il faut reconnaître et louer Carole Martinez pour avoir réussi à nous montrer ce qu'est vraiment la puissance poétique. Enfin vous allez voir. Je ne vous décrirais pas sa plume ni ne disséquerais sa manière d'écrire et d'employer la poésie ni d'en imprégner son roman de peur de tuer ou d'abimer ce qui émane du texte, cette attraction qu'il provoque avant la lecture et cette atmosphère qui continue à vous accaparer l'esprit après.
On irait même jusqu'à rechigner à faire quoique ce soit autour de nous, de peur de revenir trop vite dans notre quotidien. Du domaine des murmures est de ces rares romans par lesquels l'auteur nous emmène par là main, très vite et très loin, là où elle veut et nous laisse nous y sentir si bien qu'on se refuserait presque à revenir dans le monde réel. Dans le cas présent, l'époque dans lequel Carole Martinez a situé son intrigue rajoute encore au cachet qu'elle a donné à son texte.

Mieux encore, Du domaine des Murmures donne envie de s'interesser au Moyen Age et/ou à la région dans laquelle l'intrigue se situe. Il donne envie, ce texte, d'aller voir si cette histoire, à défaut d'être vraie, appartient en effet à la mythologie et aux légendes de Franche-Comté. Prenons donc une carte, regardons où sont les lieux de l'histoire; où sont les villes qui, maintenant, correspondent; renseignons nous sur Sainte-Agnès, qui, malgré elle et même si elle n'est que rarement évoquée, régit l'histoire et inspire le personnage principale. Pourquoi pas aussi, d'aller voir la région si on ne la connait pas (et d'y retourner si on la connait), et même si la plupart des lieux n'existent plus, de se contenter de visiter Joux, même si ce domaine n'est que secondaire dans Le domaine des Murmures.

Immanquablement, on trouve en Le domaine des Murmures un des romans de cette année, bien qu'on puisse le qualifier de roman autant que de conte (plus étoffé et plus poétique), de mythologie (plus humanisée et plus réaliste), et encore une fois, les ados du Goncourt des Lycéens sacrent un texte avec plus de crédibilité que n'importe lesquels de leurs ainés qui prétendent faire la culture et la récompenser.
Il est là, le texte à lire. C'est super. C'est tout.

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Commentaires
A
Je plussoie ! Défendons le !
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F
Le premier roman de Carole Martinez que j’ai lu est « Le Cœur Cousu », un remarquable roman métaphysique sur l’art de réparer les choses qu’on croit irrémédiablement détruite. Alors quand j’ai vu la nouvelle mouture de l’auteur, je n’ai pas hésité et je me suis mis tout de suite à la lecture de « Du domaine des murmures ».<br /> De prime abord, j’ai été quelque peu déstabilisé par le sujet, au XIIème siècle, Esclarmonde, une jeune fille de 15 ans issue de la petite noblesse bourguignonne, préfère vivre emmurée pour se consacrer à Dieu plutôt que d’épouser Lothaire, un jeune homme qui a tout pour plaire (eut égard aux valeurs de l’époque), mais qui n’est à ses yeux qu’une brute épaisse. Ce sacrifice aura des répercutions inattendues et lui fera vivre une vie remplie, probablement bien plus remplie que ses contemporaines.<br /> Autant ne pas vous le cacher d’avantage, j’ai adoré ce nouvel opus. Carole Martinez a un véritable don pour faire quitter la route du quotidien et nous emmener dans son univers onirique (mais pas trop) pour nous narrer ses contes bien léchés. Le styles est somptueux, recherché, travaillé, mais sans lourdeur. Pour faire une analogie culinaire, mangez un poulet rôti dans un restaurent 3 étoiles et vous découvrirez que la banalité d’un plat que vous pouvez manger à la cantine va vous révéler des saveurs insoupçonnées et vous faire adorer ce met que vous mangez d’habitude faute de mieux. C’est un peu ce que j’ai ressenti à la lecture de ce livre. Très documenté sans le montrer, il propose une prose fluide, riche et gouteuse sans jamais être écœurante. Même si l’époque est médiévale, le personnage principal est d’une remarquable modernité sans verser dans l’anachronisme.<br /> Carole Martinez est une conteuse hors pair. Elle pourrait nous faire croire au père Noël. Ça tombe bien, Noël approche !
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