Aujourd'hui, je vous parle, entre deux portes, d'un petit bouquin assez étrange. Il s'agit de littérature médiévale, du coup, parler de la qualité du contenu est un peu dérisoire. La bataille de Kossovo fait partie de cette écrasante majorité de textes anciens qui ont acquis avec le temps une valeur historique qui a éclipsé la valeur littéraire qui tenait le texte jusque là. Le statut du texte a changé.

kosovoEn revanche, éditorialement, on peut s'interroger et je lance la première question. Je n'ai pas de réponse, mais c'est pas grave. Et si quelqu'un en a, qu'il n'hésite pas à en parler ici.
On retrouve en effet ici le même symptôme qu'on avait vu dans l'édition des Lais de Marie de France, chez Babel. Autant, avec les Lais traduits par Francoise Morvan, on avait un manuscrit ouvertement retravaillé par la traductrice (qui ne se cachait pas d'avoir modifié le texte, qui plus est). Pour La bataille de Kossovo, dont on parle aujourd'hui, c'est plus l'éditeur qui s'est lâché.
Evidemment, je ne déplore pas le choix du texte, qui lui est louable. On n'a pas des masses de textes serbes, encore moins lorsqu'on parle de son histoire, encore moins lorsqu'il s'agit du Moyen-Age, et encore encore moins pour un texte de l'époque. D'où, ma question que je vous ai promis: quel intérêt de livrer ce texte, en bilingue, et en version coupée.

Forcément, c'est un peu bizarre. Le choix du texte est louable, le bilingue aussi mais le tout se retrouve gâché par des amputations de l'oeuvre. Du coup, on se retrouve avec un texte qui avance cahin caha, un peu décousu. On a une sorte de best of du chant épique dont il est question, mais sans ce qui les construit ni les porte, du coup, on a un peu de mal à suivre.
Plus que ladite bataille, c'est tout le conflit dont elle a été la conséquence et le point d'orgue qui prend place ici, ce sont ces moments part lesquels le Moyen-Age nous attire vers lui et laisse son attraction prendre toute son importance. Et dans le cas présent, ca tombe à plat. Les personnages évoluent et nous sont livrés les moments cruciaux durant lesquels prennent leur importance des scènes qui ne devaient pas payer de mine mais qui agissent sur l'intrigue générale. Et on ne les a pas.
Alors bon, quand on se retrouve dans un bouquin dans lequel la politique, la diplomatie, les relations de l'époque et la guerre tiennent toute l'oeuvre et qu'on enlève la moitié de tout, ben l'oeuvre, même si elle est magnifique quand elle est intégrale, perd tout une fois qu'on l'édulcore.

C'est dommage. On connait déjà assez peu le pays, le peuple et la culture en question pour pouvoir se permettre, juste comme ca, de publier un de leurs textes fondateurs en l'abimant volontairement.