La Musardine est un monde à part
Pieyre de Mandiargues et Mac Orlan, tout récits érotiques rédigés,
avaient une plume magnifique et luxuriante (mais chacun la leur) à
l'inverse d'Alain Soral qui lui a sa plume dans le cul. Or, évidemment,
le meilleur endroits pour les trouver sont les librairies spécialisées,
meme si après l'assortiment de ceux qui sont censé tout avoir, on
s'apercoit que quelques librairies générales de tailles diverses ne
sont pas si dépourvues que ca.
Oui, je suis allé voir à La Musardine
si j'y étais. Et bien oui, j'y étais (étonnant, non ?). La Musardine
est un endroit très glauque où se retrouvent des personnes si honteuses
d'être là que le moindre regard hors d'un livre provoque chez le client
type une gêne qu'il peine à dissimuler. Alors il se contente de feindre
un intérêt pour des bouquins porno probablement équivalant à Harlequin
dans la littérature générale (écrit avec les pieds et pensés avec un
mciroprossesseur suffisamment puissant pour pondre quelque chose sans
intervention humaine).
Le silence devient alors oppressant et les
seuls bruits le rompant se trouve être les pas feutrés du libraires sur
la moquette et le tiroir caisse au ressort qui bande. ("Doonïnng").
Même la porte est silencieuse, probablement pour ne pas attirer
ailleurs l'attention du client qui le mettrait dans l'embarras par
rapport à son semblable. Tout est fait pour rendre la librairie froide
et impresonnelle, équilibre rectifié par la chaleur des bouquins. On a
pas envie d'acheter, et quelque soit l'état d'esprit dans lequel on
rentre, la gêne et la pression du petit gros au fond, qui regarde les
Manara, est communicative, on sent qu'il ne se sustente que par les
soins de la Musardine et on compatit, accordant toutefois que ce n'est
pas très sain. Pour autant, le vieux engoncé dans son costard chic,
avec cravate italienne et mocassin lustrés, celui qui se penche sur les
livre d'art où les modèles sont à poil, ne l'est pas non plus, et on
peut même se laisser penser que Bobonne, à la maison, glisse lentement
vers le statut de terrain vague.
Quelque soit l'intention de ta
visite, tu en ressors toi même persuadé d'être malsain, même si tu
voulais venir pour un André Pieyre de Mandiargues. "Mais c'est pas
possible, je ne suis pas eux...".
Non. Mais à partir du
moment où le fait de ne voir que des clients ou en manque ou obnubilés
par leur sujet autour de toi tend à t'en convaincre, ou en tout cas
argumente en ce sens, c'est signe qu'il faut partir.