Arthur is alive !
Eh ben mes petits loulous, la signature du roi Arthur à la BN, c'est super classe.
On commence par
arriver dans une petite salle dans laquelle est projeté, sur tous les
murs, quelques apparitions télévisuelles et cinématographiques de la
légende arthurienne. Sont ainsi mis à l'honneur Eric Rohmer et son
Perceval (avec Lucchini et Dussollier, film très chiant mais qui
s'inscrit dans la continuité de la légende malgré tout); les Monty
Pythons, qui heureusement ne passent jamais à la trappe; la rencontre
entre Arthur et Excalibur vue par Disney et sorti au cinéma en un temps
que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre; Excalibur, de
Boorman, sorti en 1981 et que je n'ai pas vu; un petit coup d'Indiana
Jones et de sa découverte du Graal; et bien sur, Kaamelott, qui parmi
ceux là, est probablement le plus fiable, sur le plan historique, tout
du moins, même si on y attend toujours Mordred.
Quand je dis
projeté, je parle bien sur de scènes, d'extraits, pas de l'intégralité.
Imaginez un peu, une exposition qui demande trois jours pour être faite
de fond en combles !
Par la suite, le bibliophile sera aux anges. Le féru du Moyen Age aussi. Celui de la légende arthurienne, alors là...
Ne
me demandez pas le nombre de manuscrits, j'ai toujours du mal à évaluer
le nombre de livres contenu dans un même espace. Disons une centaine, à
la louche. Dont, parmi eux, un seul qui n'est techniquement pas
pré-gutenbergien. En gros, un seul est imprimé.
Tous sont là, avec,
pour les têtes d'affiche, Chrétien de Troyes, Robert de Boron ou encore
Marie de France. Les incontournables. Maintenant que je les mentionne
me vient à l'esprit que je ne suis pas certain d'avoir vu quoique ce
soit de Wace, ce qui me fournit là un excellent prétexte pour y
retourner sous peu.
Niveau enluminures, même si je ne suis pas
spécialiste, Chrétien de Troyes m'a plus fait rêver que les auteurs du
Moyen Age tardif, qui surchargent leurs pages et donnent l'impression
que tout espace est fait pour être rempli.
On est
systématiquement, quelque soit l'endroit et le manuscrit exposé, à mi
chemin entre légende et faits historique, avec sous les yeux le
manuscrit colossal d'un auteur médiéval qui transmet la légende et une
courte explication, en quelques lignes, devant la vitrine, qui apporte
un point de vue historique. Tout comme, d'ailleurs, quelques affiches
disséminées un peu partout, soulevant des questions historiques
diverses, tant sur la généalogie du mythe que sur Chrétien de Troyes ou
de la véracité du sujet (en gros, Arthur a-t-il vraiment existé). On
regrettera d'ailleurs que cette question n'ait pas été plus creusée
dans l'expo, même si elle concerne plus les manuscrits et la manière
dont elle nous est parvenue plus que sur son fond historique.
On
peut décomposer la salle en deux parties: une première avec les
manuscrits divers et variés d'auteurs tous aussi divers qui portent la
légende (encore maintenant), qui l'ont construite et rapporté nombres
de faits qui, une fois enchevêtrés, compose la véritable légende. Pour
celle là, n'oublie pas ton calpin.
La seconde concerne le Moyen Age
tardif, jusqu'à la Renaissance, dans laquelle des auteurs tombés dans
l'oubli se sont contentés de reprendre ce qui avait été fait. On voit
dans la légende le nom du noble qui avait commandé le travail, et de
telmps en temps, du peintre qui s'y est collé. Même, allons-y
carrément, le manuscrit du Roi Pêcheur, de Julien Gracq, qui
affirmait que la légende arthurienne était de nos jours sous estimée et
sous exploitée par la littérature contemporaine, et force est de
constater qu'il n'a pas tort.
Hors du bouquin, trouvons aussi ce que
le Graal aurait pu être. J'entends par là, les hypothèses qui diffèrent
selon les auteurs et les conteurs: bol, calice, plat à poisson et, les
amis, et (eh oui, elle est là), la pierre incandescente.
Trouvons
des boites à bijoux canon, à faire baver un antiquaire comme une
fontaine à salive, tout en ivoire et sculptées. On y voit
principalement Lancelot et Galaad, et on se dit que c'est quand même
fou qu'un aussi bel objet ait pu traverser tant de siècle et rester
dans un si bon état.
Voyons aussi une classe de pioupious qui, à
force de brailler et de courir partout en se foutant royalement des
trésors inestimables qu'il ont sous le pif, donne des envie de
génocide. Mais ils partent vite, ne vous en faites pas.
Pour
autant, faites attention de ne pas saloper les vitrines. C'est
tellement canon et tellement beau, surtout quand on aime les livres et
la légende arthurienne, qu'on a vite fait d'avoir le pif sur la vitrine
pour contempler les enluminures et illustrations jusqu'à laisser une
auréole de buée. Pour les barbus, les poils du menton sont de parfaits
éclaireurs pour annoncer qu'il faut garder la tête immobile et ne pas
la descendre plus près du livre.
De même que je n'ai absolument
pas envie d'arrêter de parler de cette expo, vous n'aurez, comme moi,
pas envie de la quitter. Et pourtant, la mort dans l'âme et la tête
dans les nuages, vous le ferez en vous jurant d'y revenir.
Mais faites vite, vous avez jusqu'au 24 janvier. Après, vous l'aurez dans le baba.