Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Confrérie des Libraires Extraordinaires
Newsletter
Archives
Derniers commentaires
10 avril 2020

QCM from hell

hrivnak

Il faut que je vous livre un souvenir. La lecture date un peu mais prend énormément de place dans l'esprit quand on l'entame. Genre beaucoup.

On distingue deux parties là dedans. Si celle vendue en quatrième de couverture, de mémoire, vante un questionnaire à choix multiple badass et malsain où les questions sont toutes simples, exposent parfois des situations banales ou qui peuvent se présenter dans nos vies à tous, les réponses sont souvent cruelles, méchantes, malsaines elles-aussi. Aucun des teois qualificatifs ne correspond, parfois mais les choix proposés demandent d'embrasser peste, choléra ou dysentrie (ou syphilis, ou lèpre, ou ce que vous voulez). Sans méchant relief apparent dans les propositions, c'est tantôt leur proximité, tantôt leur interaction avec la question qui laisse entrevoir ou exploser une certaine violence. Cette partie-là pourrait se picorer mais relève quand même d'une construction minutieuse. Il y a une cohérence dans l'enchainement des questions, et finalement, on y trouve une continuité.

Oui, mais alors, pourquoi un QCM comme ça, au milieu de rien ? En fait, il est pas du tout au milieu de rien. La première partie, vendue comme un prologue mais un prologue conséquent, donne tout son sens au reste du texte. On sait qui pond le questionnaire et pourquoi, par quel biais et avec quelle utilité. Et force est de constater que ces dizaines de pages qui introduisent le corps du texte jusqu'à en faire partie s'avère être un texte chiadé, vibrant et très émouvant sur l'amitié. Fut-elle violente, elle aussi.

On repart dans l'adolescence et plus que l'amitié, le texte interroge la vision de cet âge-là qu'ont les enfants qui le traversent et n'en sont plus, et la digestion une fois adulte. On y croise aussi l'éloignement et le déchirement, et on en revient à la digestion. Il est question de ça, finalement. La digestion de l'éloignement de ce qui a composé le quotidien d'alors, son retour éventuel, et dans quel état. Et par qui. Et pourquoi.

Ce n'est pas vraiment un prologue, en fin de compte. C'est un romn à part entière dont la forme et le biais par lequel passent les propos change brutalement une fois que Jason Hrivnak a considéré avoir utilisé la narration comme il entendait le faire. La quatrième, là-dessus, est donc honnête. A défaut de vendre le QCM, elle prévient le lecteur du virage improbable choisi. Mais je vous préviens, hein, ca prend de la place dans la tête. Le matériel littéraire demande lui aussi une digestion de la part du lecteur, et le plaisir de la lecture de ce texte vient de là aussi, mais si le besoin de légèreté poind le bout de son nez après, embrassez-le quand même.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité