Comme moi, je sais que tu aimes bien marquer le coup de la fin août, des jours qui précèdent la rentrée (voire la rentrée littéraire) avec un classique ou un texte que tu identifies comme tel. Même si je crains d'enfoncer une porte ouverte en t'en parlant, je te cligne un recueil de l'oeil dans une phrase qui ne veut rien dire. Mais les nouvelles, ou plutôt les petits contes de Supervielle sont plus costauds que mon article, crois-le bien.
Par leur dimension onirique, déjà. Par leur singularité, aussi. Les personnages s'y questionnent, ou pas. Quand ils ne le font pas, ils laissent le lecteur le faire pour eux. Cette petite fille, par exemple, seule dans une ville sans nom ni emplacement, et qui la fait vivre par sa seule présence, solitaire et unique; cette noyée, aussi, dont le passé importe peu et qui découvre le dessous du fleuve, les profondeurs et leur population. L'enfant de la haute-mer, c'est un peu tout. Pas seulement un enfant ou un adulte, pas un personnage précis mais tous reliés par un passé incomplet.
Toujours, par son choix, la mer est présente. L'élément compte plus que le personnage comme à pu le faire Christoph Ransmayr plusieurs décennies plus tard, dans un autre exercice littéraire et sous une autre forme, mais selon un procédé pas si éloigné.
Tu vas sans doute te demander pourquoi le t'en parle comme ca, au milieu de rien, et par quel élan. C'est la rentrée, tu sais bien, et je n'aurais cesse de te prodiguer le même conseil à chaque fois: relis, ou lis tout court, un truc de fond avant de reprendre la routine. Oh, ne t'oblige pas à te lancer dans Les misérables ou Vingt ans après, mais il y a un paquet de textes qui peuvent convenir. Des courts, ou des recueils connus mais jamais obligatoires chez personne. Autant, tu peux passer une vie entière sans entendre parler de Heiner Müller, autant tu ne peux pas passer outre Paul Verlaine. Ben, choisis Müller, alors, ce genre de nom que tu as déjà entendu quelque part, sans jamais le lire et en le laissant à côté malgré l'intérêt que tu y as porté.
Supervielle, comme plein, fait partie de ceux-là. Pendant les quelques jours de vacances qu'il te reste, pendant que tu reprends le rythme, n'oublie pas L'enfant de la haute-mer, ou L'or de Blaise Cendrars, ou L'établi de Robert Linhart, ou La route des Flandres de Claude Simon. Ou d'autres trucs, je sais pas. Surprends toi.
Honte à moi, qui estampille honteusement "Littérature allemande" un texte autrichien. Passé cette auto-remontrance étrangère, je le précise, à toute forme de masochisme, intéressons nous au texte bizarre auquel le titre du post fait référence, puisqu'il s'agit là carrément du titre du bouquin.Il faut, avant de parler de ce bouquin, que je vous éclaire sur la raison qui m'a poussé à jeter mon dévolu sur ce machin en particulier.
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Je m'en étais fait tout un plat, allant jusqu'à me persuader que L'or me séduirait à outrance.
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