D'accord, la parution remonte au vingt cinq août et je ne vous en parle qu'à l'approche du réveillon, mais attendez de voir ce qui suit.
J'ai pas mal parlé d'Elitza (que j'appelle par son prénom, comme tous les auteurs dont je parle ici mais que je vouvoierais certainement s'ils viennent par chez moi et s'ils ne n'invitent pas au tutoiement, mais on s'en fout) pendant les fêtes et j'espère que les lectures chez chacun prendront.
Il y a ceci de frappant dans son texte qu'on a l'impression d'être en apesanteur à mesure que le texte sur l'espace avance, encore qu'il ne s'agisse pas là d'un texte sur l'espace. Pas du tout, même.
On a Elitza Gueorguieva adulte qui se voit jeune fille puis jeune femme avec un oeil adulte mais une verve et une expression enfantine et neutre. Mais pas n'importe quel monocorde, attention, parce que même si le ton est neutre et pince-sans-rire, le propos est construit ave plein de petits épis qui sortent à droite à gauche, de manière très calculée et particulièrement efficace. Le résultat final n'est ni une comédie, ni un drame, ni une case prédéfinie que le vingtième siècle a pondu pour étiqueter toutes ses productions.
Les fulgurances comiques font mouches et attisent le sourire tendre, elles attendent l'oeil sans qu'il ne le sache et relève plus de la construction de la phrase que du gag proprement dit. Point de gag à la seconde, de situation rocambolesque ou de porte qui claque. On est, dans Les cosmonautes ne font que passer, dans un apprentissage raconté avec beaucoup de tendresse et d'ironie, pris en étau entre le rêve de devenir Iouri Gagarine et l'effondrement d'un monde qui n'aurait de toute facon garanti aucun résultat.
Pas de pathos non plus, le piège étant évité par des sautes souriantes au détour d'une virgule qui nous sortent du texte pour nous y replonger aussitôt.
A vrai dire, on est ni vraiment dans l'enfance ni à l'âge adulte, et on se demande au fil des chapitres qui regarde qui. Les deux Elitza se fixent, intriguées, laissant les personnages secondaires prendre place et tournoyer autour d'elles sans prêter attention au jeu de regard. On sent les repères abolis, la temporalité sort d'elle même, on est avec une narratrice indivisible et plurielle, sur une époque dont on peine à s'avouer qu'elle est historique tant elle est récente (et encore, le point de vue diffère selon celui qui en parle), dans un texte à tiroirs recelant de surprises comme celles des boites qu'on a relégué au grenier, entre jouets d'enfants et t-shirts sans manches, ceux-là qui nous font dire que "Déjà..."
Alors certes, j'arrive après la bataille, mais que ca ne te prive de rien. Si tu as loupé Les cosmonautes ne font que passer cet automne, profite de l'hiver pour le choper. De toutes facons, les jours ne sont pas bien longs et tu le trouves encore partout.