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La Confrérie des Libraires Extraordinaires
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15 septembre 2015

La princesse be-bop

Low_Down

Oui, je sais. La rentrée littéraire (ou dite littéraire) court chez tout le monde depuis quelques semaines et La Confrérie ne parle de rien. D'un autre côté, faut être honnête, sur la qualité, c'est un peu mou du genou dans pas mal de domaine de la littérature, ce qui peut pousser à chercher vers la musique. Ou entre les deux.


Tenez, par exemple, vous entendu parler de Joe Albany ? On ne peut pas vous en vouloir, ce n'est pas non plus l'icône la plus connu du jazz, mais quand même, restez un peu, que je vous en touche deux mots par l'intermédiaire de sa fille que je n'ai pas touché.
Joe Albany a fait la quasi unanimité parmi les musiciens avec lesquels il a bossé, genre Luis Armstrong ou Chet Baker, par exemple. Un pianiste blanc qui jouait dans des orchestres à majorité noire écrasante qui le faisait presque voir comme un black, et qui, comme un paquet de musiciens et même d'artistes en général à cette époque là, a fini camé jusqu'au pupilles et de fait, plus très appelé à bosser. Mais, dans le tas de ses péripéties professionnelles ou stupéfiantes, il a eu une fille avec une charmante demoiselle tout aussi toxico que lui, à tel point qu'il a du carrément finir par l'élever seul. Et AJ Albany, parce qu'elle s'appelle comme ca, raconte deux trois trucs qu'Attila porte jusqu'à nous.

Oui, mais attendez avant de grimacer en disant que vous n'aimez pas trop le jazz, le blues ou le be-bop. Il n'y a pas que ca à voir là dedans. En revanche, si vous n'en avez rien a foutre non plus de la Californie de ces années là, ou de Los Angeles loin d'Hollywood ou de l'image qu'on en a, ou bien des plumes américaines nonchalantes, c'est autre chose. Mais vous aimez bien, ca, je le sais.
L'articulation générale est multiple, et ma phrase ne veut rien dire. Je suis sur que vous avez l'image quand même, un large enchainement de passages et fragments qui destructure la construction classique du roman tel qu'on l'envisage habituellement. Mais attention, hein, destructuré ne veut pas non plus dire dépourvu de structure. C'est une collection de timbres triée, ordonnée et présentée dans un bel album dont je vous parle là, pas un truc tout rond tout mou où une quinqua a fourré plein de trucs sur son père. Même si le rythme dans son ensemble est irrégulier et laise trop facilement le lecteur tout engloutir trop vite, c'est sur le propos sur lequel il faut s'arrêter une minute. Tenez, la preuve.

Regardez la consistance des chapitres, leur transition absente mais leur liant indéfini visible partout, la manière d'amener les choses et de les énoncer (qu'il s'agisse de papa qui quitte le visionnage d'un film avec sa fille pour se piquer dans la salle de bain et revenir passer du temps avec elle, même en planant), leur matériau et leur traitement. Surtout le rendu de tous les personnages, qu'il s'agisse des principaux ou des secondaires, du père ou des clowns chômeurs babysitters, des musiciens au chômage, des ex de papa venues de tous horizons et ressemblant à plein de trucs. Surtout le rendu des situations, des contrôleurs de préventive retors demandant à la fille un rapport sur les consommations de papa.
Mais, même si les qualités littéraires sontce qu'elles sont et démarquent Low Down du reste de la rentrée littéraire, c'est papa qui ressort. Pas le mien, le papa dont il parle. Celui que toi aussi, en lisant, tu as envie d'appeler Papa. D'accord, il est toxico, la came tue sa carrière et anesthésie sa facilité au clavier et ses boulots éventuels, mais ce qui ressort et transpire de ces souvenirs et par la manière dont Amy Jo (que j'appelle par son prénom parce que bon), c'est l'image du père aimant et humain. Malgré les scènes pas normales dues à la cohabitation de la petite fille de huit ans et de l'omniprésence de la drogue autour de son quotidien à elle, le père raconté ne peut-être que sympathique, aimant et émouvant par ces deux amours opposés, l'un empêchant le naufrage incroyable proposé par l'autre.

Alors même si la réflexion qu'on se fait une fois Low Down refermé est clichée, faut bien la faire:
Même si c'est pas le nôtre, faut le reconnaitre: ca, c'est un papa.

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