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La Confrérie des Libraires Extraordinaires
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22 avril 2015

Feue 13e note

Nouvelles_dEcosseFeue 13e Note, et il était temps de s’y mettre. Et puisqu’on peut même allier plusieurs détails que chacun jugera attractifs, exotiques, aléatoires et/ou fantasques et s’éclater à les combiner à loisir, ajoutons l’Ecosse, les homos d’Edimbourg et l’ongle au choix de l’éditeur.

Mais si, L’ongle, souvenez-vous. L’histoire de cette écossaise qui se décrit comme un vrai canon jusqu’à ce qu’elle se découvre une excroissance noire et étrange jusqu’à développer en elle une psychose maladive comme jadis le fit la présence d’un pigeon sur un personnage de Patrick Süskind. Laura Hird accoucha de ce personnage comme elle a accouché de Dionne, homme dont on se pose la question de savoir s’il est débridé ou paumé (ou les deux).

Pour vous le dépeindre comme il se doit, le bonhomme est homo, doucement camé (doucement, j’ai dit, ne nous lançons pas vers le toxico, le junkie ou le dépravé. Il se roule pas mal de joints, mais point de statut d’épave chez lui, loin de là), artiste raté converti en libraire d’occasion, libraire tout aussi raté et sans passion aucune pour son métier, bourré de petites combines pour échafauder des tout petits larcins à droite à gauche, cynique professionnel pour ce qui concerne tout, vie sociale étoffée, une homophobie malgré lui développée, une vie sentimentale et sexuelle qu’on rapprocherait plus de la cendre que de la braise et un changement de vie radical qui tombe à pic pour la nouvelle de Laura Hird.

L’œil averti notera quand même un trait de caractère pas si anodin que ca, dans le personnage de Dionne. Quelle que soit l’allure générale que l’imaginaire du lecteur lui prête, on note chez le garcon à l’âge incertain une certaine prise de conscience de pas mal de chose à propos de lui-même. Ne parlons pas pour illustration le studio pourave des premières pages ou le pub glauque de la rue mais du regard qu’il semble porter sur lui-même et la vie qu’il choisit. On sent Dionne désenchanté et cynique, comme n’importe quel clampin qui sait que sa vie ne lui convient pas mais n’en fait rien et continue à pousser dans une direction opposée à ses espérances et à ses recherches. Si on sent le sentiment latent chez lui dès l’entame de la short story, on voit le changement s’opérer, presque malgré lui, quand une sexagénaire inattendue débarque dans sa vie en lui proposant le gîte et le quotidien plus structuré, vivace et proche de lui sans qu’il l’est vraiment cherché. On le sent désarmé sans le vouloir face au personnage féminin sur lequel nous aussi, on finit par s’interroger.

Passons sur la plume en elle-même, somme toute assez commune et classable dans la moyenne gamme de la haute volée (mais si, ce genre d’écriture à laquelle il manque un petit truc pour faire grimper le texte vers l’excellence, et qui, par son absence, le tire plus bas qu’il n’est vraiment) pour que je vous cause de la fin.

Pas trop pour ne pas vous gâcher la soudaineté des phrases que Pascal Garnier n’aurait pas repoussé, mais si l’on excepte la justesse de la conclusion sur la rythmique elle-même et les longueurs inutiles dont elle nous dispense la lecture, il faut bien reconnaître qu’elle jure un peu avec le corps de la nouvelle dans son ensemble.

Sur la longueur, pas de problème. Dix pages supplémentaires auraient été dommageables et dix amputées aurait passé sous silence quelques passages précieux. Hird a très bien calculé le rythme du texte, très bien joué sur le ton nonchalant et insolent que manie formidablement la contre-culture british et l’écossais(e) bourrue(e), bien pondu le personnage qu’il allait avec, mais s’il s’agit du contenu de la dernière page en lui-même, on regrettera une fin plus finaude que ce qu’elle est.

Qu’on me pardonne de ne pas développer cette courte allocution plus qu’elle ne devrait être, mais bon, hein, on parle quand même de la fin d’un texte intéressant que vous allez lire.

Quant à la demoiselle qui illustre la couverture, elle n’est pas mal du tout. Je suis sûr qu’elle a du caractère.

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