Oui, mais c'est comme ca. Sans qu'on puisse vraiment trouver de raison particulière et fiable, le pauvre Adnihilo entre dans une ère graphique, pleine de BD, de vignettes, de scénarii plus ou moins crédible et finit par ne pas se considérer si pauvre que ca tant il ne soupçonnait que très peu les richesses pourtant pas si cachées de cette branche là, précise. Il ne s'agit pas de répulsion envers la si sacrée littérature, et Kisliakov, Blanc, Erckmann-Chatrian, Prévost et Moeri ne sont pas scandaleusement éclipsés pour autant, mais on sait tous qu'une référence entraine une envie d'en découvrir une autre, et qu'un passage aléatoire devant une BD en présentation peut déclencher soudainement une attirance imprévue vers elle.
D'où, fatalement, une pile de BD qui attend devant la fenêtre de la chambre le moment précis où elle meublera un soir étriqué ou pas, ou un autre. Et ce coup ci, après la belle découverte de Romain Renard, Hermann. Le scandale de ma trogne se prenant pour un critique de BD se fait sentir et s'illustre par la phrase que j'avais prévu suivante, celle où je dit qu'Hermann est un maitre du crayon et que sa puissance graphique donne une toute autre consistance à la présente production, à cette Station 16 précisément.
Que l'on m'octroie le droit de passer sur la construction du scénar, un peu déconnante et/ou capilotractée dans un univers où il aurait mieux valu ne pas.
Je ne sais pas si vous connaissez la Nouvelle-Zemble (déjà, la Zemble, hein...), ce petit lopin de terre enneigé plein de soldats russes planqués là bas pour surveiller que personne ne foute le nez sur l'ancien terrain d'essais nucléaire de l'époque soviétique, mais imaginez-le. Et surtout, imaginez les alléchantes histoires et légendes modernes que l'on peut y accoler. En l'occurence, et ca vend du rêve, un appel de détresse réçu par une base actuelle lançé depuis une vieille désaffectée, et la poignée d'éclaireurs qu'on y envoie parce que bon, on va faire comme si on croyait qu'il y avait matière a.
Et le dialogues ne sont pas mal foutus, et confère une certaine épaisseurs au matériau si important des personnages. On regrettera juste ce genre d'imbroglio volontaire fait pour intriguer le lecteur (et ca marche un peu) mais un poil trop surexploité et qui finit par rappeler ces fameux épisodes où la série Lost a perdu son public. Mais on s'accroche, et malgré quelques moments clés faiblards, le reste tient quand même la route, l'atmosphère enneigée de la base laissé à l'abandon après une désaffectation à l'arrache, mius en plus en image par un sacré bonhomme (d'après les vignettes, en tout cas) donne suffisamment de matière pour aller au bout.
Ne nous voilons pas la face non plus, si c'avait été une série, avec un scénar nécéssairement plus riche pour que chaque épisode donne à manger au lecteur, la problématique aurait été tout autre.
Alors lis ca, quand même. Ne t'attache pas à l'histoire mais au reste. Regarde ca, quand même, et dit toi, si tu découvre ca comme moi, que la BD est finalement aussi riche que la litté, et qu'il s'agit même non d'une sous-branche ou d'un bébé, mais d'une branche autre. Une dimension parallèle, pas si éloignée, et même si elles se nourrissent l'une l'autre, développent chacune leur richesse de leur côté.
Et vérifie le nombre de L à parallèle.