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La Confrérie des Libraires Extraordinaires
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18 septembre 2013

Rafraichissement offert par la maison

AnnaBorisZaitsevOn est en août, le soleil tape (mais pas trop), la mer clapote et les mouettes se fendent la gueule. J'aimerais bien vous parler de Boris Zaïtsev maintenant, il fait partie de mes bonnes surprises de l'année écoulée mais le temps manque avant la rentrée, alors je ne vous livre ca que maintenant. Faites donc une pause dans les nouveautés de l'automne et allez voir celui-ci.

Zaïtsev a été assez connu et considéré comme un des leaders des auteurs russes émigrés au début du siècle, et comme un paquet d'auteurs importants à l'époque, plus personne ne s'en souvient. C'est un peu dommage, je dois dire. Pourtant, il doit avoir assez bonne presse dans l'édition, et Autrement et les Sytres, qui ne sont pas n'importe qui (surtout sur les russes) l'ont à leurs catalogues. Alors bon...

Et il y a de la matière, chez Anna, un petit texte pas mal du tout. Tout tourne autour du personnage qui a donné son prénom au roman, évidemment, et il y a à dire sur cette demoiselle.
Transposons nous en Russie, dans la campagne, là où la révolution se diffuse. Ca se passe loin et quelques nouvelles ou rumeurs arrivent, sans doute déformée, et arrivera probablement une petite onde de choc quand le régime changera. Alors la campagne attend, n'évolue pas trop et se prépare à vivre quelque chose qu'elle va vivre et dont elle ignore la nature. Au milieu de tout ca, une ferme, coincée entre un manoir et une riche famille et une maison plus modeste habitée par un bourgeois désargenté au passé décoloré et confus. Au sein de la ferme, un couple de lettons plein de non-dits et Anna, leur fille, pourtant pas lettone du tout.


Et Anna, elle est assez complexe. Sans doute, son personnage (et même certains autres aussi qui ont l'air assez riches et/ou denses) aurait mérité quelques lignes, paragraphes ou pages supplémentaires pour donner au lecteur quelques éléments en plus pour bien la cerner. Non pas qu'il faille tout expliciter, mais un peu plus, quelques petites choses a dire carrément et d'autres à suggérer pour laisser ensuite le soin au lecteur de compléter et de se faire son idée.
Et ca aurait pu être vachement mieux, parce que la matière et le texte tout court le mérite. Les descriptions, par exemple, la campagne russe nue et enneigée, celle là même qui, comme ca, parait chiante et monotone, est incroyablement séduisante quand elle est bien rendue sur papier. Ca à l'air con a décrire, un champ enneigé et un arbre nu, mais l'image trop simpliste est la plus ardue à retranscrire.
Sur le rythme, en revanche, pas de problème. La chronologie des évènements est très riches, et Boris Zaitsev a parfaitement joué avec les temps forts et faibles, les moments où ca s'emballe et ceux où la tension redescend. La charpente du texte est plus compliquée qu'il n'y parait et très bien dressée, l'ambiance est remarquablement rendue et les facteurs dépendent les uns des autres, le contenu prend parfaitement place dans l'époque et la situation choisie et les deux se magnifient.

Il y a plein de trucs réussis, dans Anna (ou chez Anna) et un roman qui aurait pu être beaucoup plus riche qu'il ne l'est, finalement. Il y a un corps gigantesques, mais pas rempli à capacité. D'un autre côté, c'est aussi ce verre à moitié rempli qui lui donne un certain cachet, il faut le reconnaitre. Peut-être qu'une densité plus marquée aurait nuit au résultat, au fond, mais quoiqu'on dise, même avec quelques regrets plus ou moins fondés, Anna reste du haut niveau, les amis. Peu de libraires doivent l'avoir, mais les bons ne rechigneront pas à vous le commander.

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