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La Confrérie des Libraires Extraordinaires
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30 septembre 2012

L'horizon blanc

mingarelliIl va bien falloir se remttre au boulot un jour où l'autre, parce que ce n'est pas le tout de dévorer les bouquins, mais il faut aussi voir ce qu'on fait des lectures. Alors merci à vous de me souhaiter rebienvenue chez moi avec autant de chaleur et d'enthousiasme que vous venez tous de le faire, vous m'en voyez très touché.

Et puisque moi aussi je vous aime bien, je m'en vais vous parler d'un bon texte. Il tient la route, il est bien écrit et le choix du style colle parfaitement à l'ambiance que ce genre de récit devait avoir. C'est distant, froid, rugueux et c'est vachement bien.
Transportez vous en Allemagne, pendant la guerre, dans une région rurale anonyme et recouverte de neige, balayée par un vent glacial et englué dans un froid qui vous lacère les joues, ou n'importe quelle parcelle de peau laissée à découvert. Au milieu de cette photo, trois soldats allemands au moral salement atteint par l'inhospitalité du coin, de la météo, du caractère du lieutenant qui joue au petit chef et des escarmouches avec l'ennemi (anonyme aussi), du manque de solutions viables et crédibles pour se réchauffer. Imaginez une mission qui les emmène à quelques jours de marche, qui parait être une patrouille sans but précis, une expédition factice qui ressemble à une sorte d'arrêt maladie pour anxiété, ou ce genre de chose, et un rencontre avec un juif, aussitôt fait prisionnier. Une cellule sans porte, qu'on a du amputer pour avoir du bois à brûler et un huis clos presque en plein air dans lequel se cotoient, sans avoir envie d'être là, prisonnier et geôliers.

Je vous vois déjà venir, et penser que l'étreinte de mon premier paragraphe, de mon intro légendaire de trois lignes (légendaires elles aussi) ne sont pas très raccord avec le présentation que je vous fais d'Un repas en hiver. Je pourrais en convenir à un détail près, dont je reconnais l'omission, d'ailleurs. Au passage.
Autant c'est rugueux et froid comme l'imposent le thème et son traitement, autant, pour rajouter encore au cachet du texte, le rythme est très lent. Ou pas tant que ca, en fait, c'est assez antinomique: le rythme n'est pas si lent mais il ne se passe rien. Vraiment que dalle, mais d'un autre côté (et c'est là le coup de maître de Migarelli), le texte et les facteurs et paramètres qui le composent et le font te retiennent en lui, te gardent et te pousse à le lire. Tu finis fasciné, tu restes avec les soldats allemands et leur prisonnier jusqu'à glorifier Migarelli comme tu glorifias Maylis de Kerangal et son pont l'an dernier.
Certes, Kerangal avait tenu son lectorat jusqu'à la dernière page en racontant le chantier d'un pont et rien de plus excitant ni intéressant, mais en donnant du corps au tout; certes, chez Mingarelli, c'est l'inverse, il y a une sacrée matière volontairement freinée par la dilution de tout.
Comme quoi, il a bien vu, Mingarelli, qu'en laissant son récit s'emballer, il risquait de tomber ou dans la facilité où dans quelque chose d'incontrôlable, ou de déjà vu ou sur un autre travers qui aurait handicapé son texte. Autant là, en arrêtant le contenu mais pas le rythme, on tombe que un récit plus bâtard mais plus créatif aussi, et surtout, qui diffère des autres bouquins ou exercices de style sur lesquels on peut tomber sur les étagères de nos librairies.

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