On va commencer l'année en bafouant le principe du On-garde-le-meilleur-pour-la-fin, et on va directement entamer la rentrée littéraire par le top du top. Attention, attention, je vais vanter un bouquin que je pose déjà comme le meilleur de la rentrée, mais je confesse aussi que les lignes que vous lisez ici avec une déléctation certaine datent de juin et que c'est là la première nouveauté de la rentrée que j'ai lu. Popurtant, n'y voyez aucun foutage de gueule, pour détrôner Goliarda Sapienza de ce piedéstal où je la place, faudra avoir pondu du comaque !
Pour lancer l'année et parler de Moi, Jean Gabin, je vais aussi taire quelques instants mon côté refractaire aux autobiographies. Et puis bon, c'en est même pas une, d'autobio. On y retrouve un peu de Goliarda et beaucoup de Sapienza, mais racontée avec une telle tendresse et une telle poésie qu'on en oublierait presque qu'il peut s'agir d'elle.
On part en villégiature en Sicile, le temps de la lecture, à l'époque où grandit et s'ouvre la jeune génération née de ceux qui vivaient sous un ciel qui n'avait pas encore été blessé par les ailes impitoyables des aéroplanes et de qui naitra la génération qui a faconné l'époque contemporaine. La monde d'alors, celui où l'on suit Goliarda enfant, se compose de la Sicile éternelle que l'on connait encore maintenant, des ebullitions politiques de l'époque qui versaient plus dans une philosophie de vie, des séances de cinéma et de l'adulation de Jean Gabin, des petits boulots dans les échoppes de la ville pour empocher les lires nécessaires aux projections, du plaisir incroyable de se retrouver en famille et d'admirer ses frères et soeurs et de leur porter toute l'affection possible (qu'ils renvoient d'ailleurs tendrement), de l'apprentissage auprès des personnalités de la ville, du sculpteur de marionnettes aux rencontres des modestes figures de la ville.
On se retrouve face à un tableau à l'effet boeuf produit par l'enchevêtrement complexe de tout plein de détails qui rendent le texte abouti.
Et surtout, n'oublions pas l'aspect le plus surprenant et le plus agréable qui enveloppe le lecteur à mesure des pages. C'est une plume et une description de l'époque d'alors tendre et presque nostalgique qu'on a là. On sent l'adulte qui parle avec tendresse se l'enfant qu'elle était et du monde dans lequel elle s'est construite et est devenue ce qu'elle est.
Comme à chaque fois que je suis marqué par un texte, j'ai toujours du mal à en parler comme je le voudrais, et là encore, je me demande si j'ai réussi à en parler avec la même énergie que le texte transmet. Moi, Jean Gabin est un texte solide et sensible, exaltant et fort que je vous colle entre les mains en vous affirmant que même si c'est là ma première lecture de la rentrée littéraire de septembre, il est devant ceux qui paraitront au même moment. Pour le plaisir, on lira aussi les autres, hein, mais il faudra au reste du monde l'énergie suffisante pour écrire du très très lourd pour pouvoir détroner Goliarda Sapienza.