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La Confrérie des Libraires Extraordinaires
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1 août 2012

Ce qui vient de l'horizon

9782070781799Qu'on me pardonne on manque d'assiduité aux livres, ces derniers jours. Jeux Olympiques obligent, je déplore cette chronophagie dont je suis victime sans rien faire pour y remédier. Et puis bon, les escrimeurs francais s'étant tous fait plier les uns après les autres, je reviens logiquement à mes premières amours.

Donc, Tuez-moi. Pour de faux, hein, mais Tuez-moi. Il s'agit là d'un opus qui ne ressemble en rien à son apparence. On s'imagine un texte court, vite ingéré et presqu'aussitôt oublié, mais on s'apercoit finalement assez vite que la matière est assez dense et le rythme plus travaillé qu'il n'y parait. Lionel Marek a mis ses tripes dedans, ca se voit. Pas de quoi faire un champion olympique dans sa discipline, mais le fond de jeu du concourant est intéressant.

Pour passer vite fait sur le pitch, parce qu'on a pas que ca à foutre, un anonyme sonne chez un autre pour lui confesser avoir tué sa soeur. J'entends que le personnage principal et narrateur ouvre sa porte et sert un godet à un inconnu moite de transpiration qui lui avoue être l'automobiliste qui a fauché sa soeur. S'en suit un monologue de cent cinquante pages dans lequel on sent notre personnage principal (à qui on s'attache très vite, plus plus, pluis de nouveau, etc) arpantant la pièce dans un cent pas frénétique en exposant son point de vue à cet inconnu, se posant des questions à lui même, reprenant la scène, révélant tout un tas de choses qui finissent finalement par construire beaucoup plus le personnage de la soeur que celui du chauffard ou du narrateur.
On pourrait presque en tirer une pièce, finalement, le texte s'accorde assez bien avec la scène. Le style est nerveux et haché et on cible vite quelle nervosité il faudrait arriver à mettre visuellement en place pour le public tant, à la lecture, elle est nette et précise pour le lecteur.
Le texte est nerveux mais paradoxalement, très agréable à suivre. Le tout est assez saccadé, instalant un rythme très élevé, parfois effréné, qui peut rendre quelques idées difficiles à suivre mais l'obstacle ne s'avère finalement pas insurmontable. A vrai dire, c'est dans le rythme qque ca pêche un peu. On a des paragraphes entiers où on a l'impression d'avancer dans la lecture et l'exploration des personnages (assez riches et complexes, faut le dire, et on prend du plaisir à tenter de les cerner), mais les révélations cruciales et autres déflagrations qui font évoluer le récit et qui amènent le lecteur ailleurs tardent parfois un peu. Il y a les pages où on avance pas mal et celles ou on stagne en attendant le prochain raccord.
On sent pourtant que Lionel Marek a bossé son texte, construit son récit et mis du coeur dans ces personnages, on est dans du bon Verticales, mais il n'est pas sur le podium pour le moment. Il y a de bonnes idées et une sacrée matière, une bonne exploitation, mais il manque les fines herbes pour sortir Tuez-moi du rang des curiosités savoureuses.
Ou plutôt, c'est une très bonne surprise, mais bon, en sortant de Fitzgerald, aussi...

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