Revenons-y
Plus grand que les racines
Des sentiments plus ou moins profonds
De joie, de tristesse, de colère et de plaisir
Pareils à des enfants turbulents
Qui en moi s'agitent,
Plus grand que le pélagique poisson
Des six organes et des sept péchés
Qui agite la queue
Comme l'ombre nocturne sur la fenêtre à glissière,
Plus grand que les poussières cosmiques
Jonchant la cour du péché originel et du karma
Après avoir traversé l'obscurité
Pareille à celle du four du potier
Plus grand que la source jaillissant dans le désert,
Dont les eaux coulent de nouveau, écumantes,
Après avoir traversé les strates de l'origine et du temps,
Buissantes comme les herbes sèches,
Que les crevasses des glaciers,
Que l'éclatement des particules,
Plus grand que le globe terrestre
Qui, minuscule comme le grain de millet,
Flotte dans l'immensité de l'univers,
Plus grand que l'éther
Remplissant l'infini
Qui de la lumière astrale dépasse
Les innombrables années cosmiques,
Que la possession résultant de cette plénitude,
Que le néant à cela opposé,
Que la mort inconnue,
Plus grand que tout cela,
Un cri muet au milieu de l'univers !
Une immensité embrassant l'éternité !
Moi.
Ku Sang
"Aujourd'hui l'éternité", Orphée la Différence, 1997