Et voilà. Puisque le Japon est l'invité du Salon, je me suis dit qu'il fallait éventuellement lire deux trois bricoles. Et au hasard d'un bouquin déclassé, je suis tombé là dessus.
Ceci dit, je vous comprends aussi, Adnihilo qui se met à lire de la poésie japonaise, sortant de ses auteurs russes, suisses, médiévaux ou théâtreux, ca surprend un peu. Mais arrêtons nous y de plus prêt.
Non pas que jusque là je rechignais à lire de la poésie, ou des auteurs japonais ou des haïkus, mais bon. Je partais du principe que des poèmes de trois lignes sur des bambous qui frissonnent, ca va bien. Alors que pourtant, à la lecture, c'est beau. Et en ce qui concerne Takuboku Ishikawa (parce que c'est quand même de lui qu'on parle aujourd'hui), point de bambous ni de rosée comme chez d'autres que je confesse ne même pas avoir lu, on est là dans complètement autre chose.
J'ai lu qu'on le surnommait le Rimbaud japonais, Takuboku, et je me suis dit, en voyant ca, que les comparaison à deux balles comme le Maradona des Carpates ou le Michel-Ange francais, ca va deux secondes mais c'est pas forcément fondé non plus. Pourtant, là, j'ai saisi pourquoi on le compare à Rimbaud.
Un poète qui décrit dans ses poèmes l'industrialisation de son pays, l'extension des villes, le quotidien gris des quartiers prolos du XIXe, ca peut effectivement coller à Rimbaud qui marche dans le brouillard de Montmartre. C'est aussi ca qui déroute, dans les haïkus de Takuboku, cette résurgence des villes massives, grises et brumeuses de cette époque là où on s'attend à voir vantée la nature, le vent dans les arbres et les souriceaux qui jouent dans le matin frêle qui tournoie autour du jour nouveau.
Après, voilà. Qu'est ce que vous voulez que je vous dise de plus. Je sais bien que je suisun piètre critique de poésie, mais d'un autre côté, le jugement de valeur sur la poésie est bien simple: c'est beau ou ca ne l'est pas. Là, en l'occurrence, j'ai trouvé que ca l'était. Après, le reste, ce n'est plus que du ressenti, surtout quand il s'agit de haïkus, qui sont dans le fond autant de petites vignettes collées à la hâte, des impressions qui ont marqué le bonhomme sur le coup et qu'il a enfermée dans une forme suffisamment courte pour qu'elles restent impressions.
Un conseil, quand même, avant de partir. Prenez le temps. Lisez lentement, espacez chaque haïku du suivant. Ce n'est pas si rapide de profiter de la poésie quand elle est belle.