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La Confrérie des Libraires Extraordinaires
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17 octobre 2011

Le jour où est livré un post assez léger

Limonov_carrereMe voilà qui me la ramène aujourd'hui avec une confession honteuse: je viens avec rien.
Pourtant, je m'étais dit que Limonov me plairait, malgré mes mauvaises expériences avec Emmanuel Carrère. Certes, j'étais prévenu: le monsieur n'écrit pas bien et s'aime beaucoup, mais d'un autre côté, c'est un bouquin sur Edouard Limonov, un personnage atypique et assez riche et qui, somme toute, est un prétexte fabuleux pour pouvoir brosser un portrait du paysage littéraire russe actuel (preuve en est: Zakhar Prilepine est un des personnage du roman) et puis aussi, tant qu'on y est, du climat politique actuel. Russe là aussi.

Et puis voilà. Je n'ai pas réussi. Un roman qui commence par je, j'y arrive rarement. Emmanuel Carrère est peut-être particulièrement sympa, je ne sais pas, mais il a comme beaucoup d'auteurs français à succès une propension à se mettre en avant, d'expliquer que je vais parler de Limonov, et que c'est moi qui en parle. Je parle de Limonov, on m'a demandé de..., je suis allé..., j'ai remarqué..., j'ai réfléchi..., je me suis dit..., j'ai rencontré..., etc.


Alors oui, il parle de lui, et on peut se demander dans quelle proportion un auteur peut être son propre personnage, le problème ici est le même que chez Richard Millet (encore que).
Chez Carrère, on est chez quelqu'un qui veut parler de quelqu'un d'autre, qui clame que ce quelqu'un est le personnage principal de son roman mais à bien y regarder, le je de Carrère prend autant de place que Limonov lui même, et le je est la principale raison de la naissance du thème. Le je bouffe le il qui est pourtant ce sur quoi repose le texte, le bouquin lui même.
D'autant plus qu'Emmanuel Carrère ne prend même pas la peine de construire des personnages, d'où une question que je pose: s'il n'y a pas de personnages imaginés et/ou construits par l'auteur, aucune interaction de l'histoire avec quelconque forme de fiction, une confession dès les premières lignes qui clame que tout est authentique et un thème précis et concret: où est le romanesque, la fiction ? Qu'est ce qui fait de Limonov un roman ?

Alors c'est un récit. Là d'accord. Mais qu'on ne dise pas qu'il s'agit d'un roman, allons !
Pourtant, le personnage d'Edouard Limonov est assez attractif, on aimerait bien le comprendre et savoir qui il est vraiment. On est à mi chemin entre l'opposant russe sanctifié par l'opinion internationale, l'activiste facho dangereux, l'ancienne icône de Saint-Germain-des-Prés, l'ancien clodo de Manhattan, un fantastique poète soviétique et provocateur de première. On ne sait pas comment définir Limonov, ni où le placer. Il est un peu tout à la fois et on ne sait finalement pas vraiment par quel raisonnement il a pu passer d'une situation à une autre. Et on aimerait bien arriver à le cerner, le garcon, ce que le récit d'Emmanuel Carrère peut faire si on est plus fort et plus téméraire que moi et qu'on peut surmonter son je.


Mais je le répète parce que ca m'a gêné, Carrère qui écrit sur Limonov en parlant plus de Carrère que de Limonov, c'est un peu gonflé. Carrément même. La présence flagrante du je, disons le tout net, nuit au roman. Quel qu'il soit.

limonov

 

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Commentaires
A
C'est pas faux. Quitte à vouloir connaitre Limonov, autant lire ses textes.
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H
beaucoup s'usent la santé à commenter le Carrère mais pas grand monde pour signaler les rééditions du Limonov en question:"journal d'un raté",par exemple,est un sacré bouquin électrifié par un brio aussi tonique que désespéré.
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