baekLe monsieur d'appelle Baek Nam-Ryong et je vous propose de deviner d'où il vient. Les quelques personnes qui se sont prêtées au jeu se sont, pour la plupart, perdues en Asie du sud-est sans imaginer que si je posais la question, c'était précisément parce que la logique, quand on parle de littérature est d'occulter le pays en question. Donc, Baek est nord-coréen.

C'est précisement la mention "traduit du coréen (République Démocratique Populaire de Corée)" qui m'a attiré l'oeil et poussé vers ce texte là, et la première question que je me suis posé était de savoir si Baek Nam-Ryong est édité dans son pays. Et ben oui, il l'est, et je dois dire que je suis un peu décu, du coup.

Parce que même si l'histoire est commune, soit celle d'une cantatrice et d'un tourneur qui se rencontre et s'aiment vue par le juge qui pronnce leur divorce et diagnostique le problème du couple, on se dit qu'on va avoir là une description de la Corée du Nord, qu'on va savoir comment c'est dedans, et tout ca, mais très vite, on se demande si en fin de compte, on ne se trouve pas là devant un de ces villages fleuris et rustiques construits par Pyongyang dans les régions éloignées de la capitale et qu'on fait visiter au seul tour operator et demi qui s'intéresse à la Corée du Nord. Alors on se demande si c'est là un sourire de facade plus qu'un sourire sincère, et s'il est sincère, un sourire fondé. C'est déroutant dans le mauvais sens du terme, cette hésitation. On ne sait ce qu'on lit mais on ne connait pas la nature du carburant, du coup on est perdus quand même.
Pourtant, on est tenté de le croire, Patrick Maurus, qui a traduit le texte lorsqu'il clame dans la préface que malgré la dictature et le repli sur elle-même, la Corée du Nord est bien plus riche, culturellement, que ce qu'elle laisse transparaitre à l'étranger mais la question reste la même et malgré son avertissement, on ne sait pas sur quel pied danser.

Littérairement, à bien y regarder, on est sur une histoire d'amour proprette et convenue, dont certaines pages sentent l'eau de rose alors que d'autres sont plus inventives. On notera quelques longueurs, quelques clichés et au final on se dira que bon, voilà. On a là rien d'insupportable, au point que le lecteur averti, s'arrêtant au côté littéraire du texte et mettant le côté nord-coréen avouera qu'il ne voit aucun motif de condamnation chez cet homme; l'autre lecteur averti (ou bien le même, on s'en fout), prenant le côté nord-coréen regrettera que l'accroche formidable qu'est la nationalité de l'auteur place en tout lecteur potentiel une attente au final un peu décue, même si le texte en lui même reste dans la moyenne.