Pour une fois, penchons nous sur une pièce de la littérature irlandaise pendant que je m'interroge de mon côté sur sa classification. Mais passons, et pendant que je médite, allons voir Claire Keegan.
Les wespiseriens qui tombent sur cette page doivent déjà se remémorer L'antarctique, paru l'an dernier mais ce n'est pas de lui dont nous allons parler là tout de suite, présentement, sur le champ.
On est là dans la partie rurale de l'Irlande, et, par les yeux d'une fillette, chez un couple de fermiers au quotidien bien rempli et à qui il ne manquerait pas tant de chose que ca pour être le stéréotype de la famille parfaite chez qui tout est rose.
Et plus on avance, plus on s'apercoit que tout ici est reglé comme du papier à musique. On sait qu'on s'achemine vers quelque chose, sans savoir quoi, et on se laisse porter par le rythme du texte et force est de constater que le dénouement est aussi agréable à lire que le moyen par lequel Claire Keegan nous y mène, tant dans la construction du texte et des phrases même que dans l'effet qu'elles produisent sur le lecteur.
On peut aussi parler de l'ambiance, des quelques mois tranquilles passés par le personnage principal et cet aspect de la vie rurale: on n'a pas le tempsde s'emmerder et s'activer est nécéssaire, et pourtant, le changement avec notre quotidien à nous est suffisamment radical pour changer jusqu'à nous faire sentir en vacances. C'est assez reposant, en somme, malgré l'activité du couple et de la jeune fille.
Je rechigne néanmoins à aller plus loin. C'est au fond un peu comme dans un film: une fois sortis, on est encore sous l'effet produit sur nous nous par lui. Alors on rentre chez soi, l'esprit un peu brumeux et encore dans l'atmosphère de ce qu'on vient de voir. Une fois la lecture achevée, on est encore dans cet état là et toute parole extérieure, tout coup de téléphone, télévision ou quoique ce soit qui tranche vraiment avec Les trois lumières est malvenu tant il dissipe l'effet que le texte produit. Même trop en parler, au fond, peut être une atteinte au dit effet et au caractère sacré de ce qu'i l'a produit. Parce que oui, l'atmosphère construite ici par Claire Keegan est suffisamment reposante pour faire du bien, finalement.