La vierge froide

Tout bien réfléchi, il va falloir vous parler de Jorn Riel avant de se lancer dans une explication de texte comaque de La vierge froide.

Jorn Riel, il est vieux, maintenant et il a fait partie, il y a quelques décennies, des dernières compagnies de chasseurs qui s'agitaient dans le Groenland. Ils vivaient à deux ou trois par cabanes, ou tout seul s'il s'agit d'Herbert et pendant la nuit (soit quelques mois, hein) il fallait bien s'occuper et meubler le temps libre du au chômage technique. Alors on se rendait visite, on glandait et de temps en temps, on subissait celui ou ceux qui auraient pu être colocs si location il y avait. Et une fois par an arrivait le bateau de Copenhague qui assurait la liaison entre les chasseurs groenlandais et l'Europe.
Du coup, forcément, ca donne des histoires croustillantes que Jorn Riel, une fois ces compagnies fermées, s'est décidé à compiler dans une dizaines de recueils qu'il a appelé lui même les Racontars. Quoique le terme doit plus venir des traducteurs que de lui...

Pour vous donner une idée de ce qu'il a bien pu écrire et du ton qu'il a donné à ses textes qui techniquement sont des nouvelles, au fond, je ne vais pas me prendre le chou et vous livrer, même si je ne fais jamais, des parties de la quatrième de couverture de L'épopée littéraire, un des recueils que Gaia a édité en reprenant quelques racontars de La vierge froide.
"Comment trente huit boites de sardines dont une, accidentellement transpercée par une balle perdue ont-elles pu sauver un chef d'œuvre de la littérature mondiale ?"
Et je suis sur que, comme moi quand j'ai lu cette phrase, vous vous imaginez qu'il s'agit là de burlesque pouet pouet et de concours de circonstances tiré par les cheveux. En fait, même s'il s'agit bien de concours de circonstances, on est pris par le texte, raconté en plus sur le ton ironique de celui qui a suffisamment connu l'évènement ponctuel pour l'avoir retourné dans tous les sens et de s'être lui aussi marré dessus, pour se dire que tout est parfaitement logique même si on finit aussi par se dire que non, c'est pas logique, mais que c'est quand même le genre d'anecdotes inimaginables avant qu'à notre tour il nous en arrive une incongrue.

Du coup (c'est bon, j'ai fait une pause, vous pouvez respirer), je vous laisse profiter du tout. Pour ce qui est des dix recueils, vous faites ce que vous voulez, mais n'hésitez pas à vous plonger là dedans. Ca a du cachet, tout ca, et ca se bouffe comme les petits chocolats qui trainent sur la table du salon mais qu'on prend bien soin de laisser là.