Adieu Fombonne
Aujourd'hui, Adnihilo parle de qui ? Emmanuel Bove. Encore. Et en plus, il le martèle avec l'air le plus sérieux du monde: il faut lire Emmanuel Bove. Alors que jusque là, je reconnais que je vouais un culte à Montherlant, et ben vous savez quoi ? dans son genre à lui, Bove est aussi excellent que Montherlant, et a en plus un trait de caractère (posthume) qui rend ses textes accorde à ses texte encore plus de charme.
Avant la guerre, Emmanuel Bove était un auteur majeur en France, et comme quelques uns, la guerre l'a épargné lui mais pas son oeuvre. Alors qu'on a volontairement occulté Drieu, Chardonne et consorts volontairement en mettant en cause leur sympathie, Emmanuel Bove est lui passé à la trappe juste parce que d'autre sont arrivés (et pas des tanches, certes, mais bon). Du coup, on a pu le redécouvrir et le rééditer, et loués soient Flammarion il y a une vingtaine d'année et le Castor Astral plus récemment de l'avoir retrouvé pour permettre, quatre vingts ans plus tard, de de faire redécouvrir. Pour vous situer un peu, qualitativement parlant, Emmanuel Bove a rendu béats d'admiration Samuel Beckett. Rien que ca.
Pour en arriver à Adieu Fombonne, parce qu'on est là pour ca, tout le roman repose sur les personnages. Je louais il y a peu une courte nouvelle de Bernard Comment et de la manière dont il avait bâti son personnage central, en laissant le lecteur se faire sa propre idée, en en racontant plus sur le personnage en lui même sans rien dire. Eh bien pour le coup, Emmanuel Bove, par le même procédé, a échafaudé un roman en utilisant le même procédé pour arriver à un résultat encore plus savoureux. Par ce qu'il raconte, il laisse au lecteur le soin de voir ce qu'il ne dit pas et qui laisse ses personnages pratiquement nus devant celui qui tourne les pages.
Je m'explique pour qu'on évite de penser qu'Emmanuel Bove écrit du cul. En décrivant ses personnages et en les faisant évoluer, Bove laisse des silences bavards qu'il comble par quelques détails sur eux. Comme le dit Beckett "Emmanuel Bove a comme personne le sens du détail touchant". Il s'agit là typiquement d'un bouquin à lire scrupuleusement pour pouvoir le savourer du mieux que l'on peut.
J'ai parfaitement conscience de la redondance de mon post, parce qu'à chaque fois que je parle d'Emmanuel Bove je dis la même chose, mais que voulez vous. J'ai énormément de difficulté à parler de ses romans et de donner autant envie de les lire qu'ils m'ont moi enthousiasmés. A chaque fois, je me mets en tête de construire un post à la taille de l'effet qu'a produit sur moi le texte et l'admiration que j'ai pour celui qui l'a pondu et à chaque fois, j'échoue. Comme quoi, aussi bien me laisse totalement démuni. Je m'en voudrais presque de ne pas réussir un post consacré à un tel auteur.