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La Confrérie des Libraires Extraordinaires
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27 septembre 2010

Nagasaki

nagasakiForce est de constater qu'en effet, j'ai oublié de vous parler de Nagasaki.

Il s'agit pourtant d'un bouquin suffisamment déroutant pour qu'il soit digne d'être relevé parmi la platrée de nouveaux romans plus ou moins bons qui sortent sous prétexte qu'on est en septembre. L'action se déroule, et c'est une révélation, à Nagasaki et est tiré d'un fait divers qui a marqué Eric Faye il y a deux ou trois ans, à la lecture d'un article repris par un média qui l'avait repris d'un autre qui le tenait d'un autre qui en avait pris connaissance par un autre et ainsi de suite. Du coup, Faye s'est dit que tient, j'irai bien démêler le vrai du faux. Même au Japon, le téléphone arabe déforme tout ce qui lui passe dedans.
Se rapprochent plus du récit que du roman, Nagasaki se contente du coup de relater les faits, d'une part, en prenant une certaine liberté aussi avec les personnages. Je veux dire par là qu'Eric Faye a étoffé les personnages avec ce qu'il a pu déduire d'eux en lisant l'affaire, ca m'étonnerait qu'il les ait rencontrés mais la construction de tous, des traits de caractère et du quotidien de chacun en général résultant de déduction après lectures de faits ponctuels et uniques. Et ca, c'est fort.

Même chez Jacques Chessex et son Vampire de Ropraz où l'on pouvait remarquer cette même construction qui, même sans pouvoir être qualifié de roman à proprement parler, donnait une certaine dimension au texte dans son ensemble. Encore que je ne suis pas certain de ma comparaison: même si la construction est la même et même si la facon de procéder dont j'ai parlé dans le paragraphe précédent se retrouve autant dans l'un que dans l'autre, on se doit de dénoter que Le vampire de Ropraz on retrouve plus, malgré le fait divers également présent et l'aspect de chronique judiciaire, l'histoire jouit d'une certaine célébrité dans le coin de Ropraz et dans l'histoire criminelle suisse (pour des raisons qu'il vous faudra lire dans le post dessus), on se trouve plus dans un fait devenu mythe alpin ou mythologie vaudoise ou romande plus que dans un fait divers médiatisé à notre époque.

Nagasaki, donc, se rapproche plus d'une extrapolation racontée par un romancier (et mieux, largement mieux que ce que peuvent faire les journalistes) à laquelle Eric Faye a pris soin d'utiliser les ficelles romanesques pour servir un texte qui ne l'est pas. Et de fort belle manière, force est de constater. On notera aussi que Faye a pris le plus grand soin de ne pas alourdir le texte en se disant que le bouquin est trop fin. Le bouquin se lit certes en quelques heures (et pas plus de deux) et ne s'embringue pas dans trop de considérations socio-politico-revendicatoires qui tentent de disséquer les travers d'une horrible société aux grandes dents. Non. Il soulève un problème en laissant le choix au lecteur de s'interroger dessus ou non et la plus grande partie du texte est consacrée au fait divers singulier en question et aux personnages qui en ont été victimes.
Et si vous voulez que je sois concis: c'est un peu déroutant, tout ca.

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