La faculté des rêves
Commencons par être honnête: je ne suis pas allé jusqu'au bout de la faculté des rêves. Qu'on ne m'en veuille néanmoins pas, j'ai essayé.
Dès que le livre est arrivé, il a interpellé un grand nombre de personnes qui sont passées devant. On se retrouve face à l'univers de Valerie Solanas, prostituée américaine qui, dans les années 1960 a tenté de buter Andy Warhol pour se faire un nom. Le récit avait l'air d'être construit dans un enchevêtrement de prose, de théâtre, quelques vers, de courts chapitres dont les liaisons entre eux pouvaient faire penser, à première vue, à Alexandra Geyser (pourtant, même si je ne la connais pas et même si c'est pas si compliqué, Sarah Stridsberg a l'air plus classe que Geyser, un cran au dessus, je veux dire, si ce n'est plus). Je confesse donc volontiers qu'en prenant ce bouquin à lire, j'étais plus animé par la curiosité que par l'entrain.
Après quelques pages, on s'apercoit que Stridsberg a travaillé la manière dont elle restitue des ambiances, même si on est loin du compte, et par moment, on se demande si son but n'était pas de replacer dans un bouquin un string maculé de sang, une vieille sécrétion vaginale et un juge d'instruction à moustaches.
Certes, on s'imagine bien Solanas en sorte de Shirley Goldfarb encore plus désargentée et dépressive également, mais sérieusement, elle. Au premier degré, je veux dire. On se figure la pute de quarante ans, déjà les cheveux rêches et gris, accoudée à sa table, devant sa fenêtre, une bouteille d'alcool fort dans la main et les yeux sur les oiseaux qui attendent quelque chose mais quoi sur les lignes éléctriques. La facon dont elle depeind l'univers de sa personnage manque en revanche cruellement de finesse et les termes employés pour faire passé l'aspect glauque de son sujet passe pour le plaisir d'être cru (pas le plaisir malsain, mais plutôt le pari entre amis "Eh, tu paris que je replace une sécrétion vaginale dans un roman ?") et rends des atmosphères glauques stériles. On voit bien qu'il faut que ca soit glauque, mais la nécéssité de la décrire plus que de la mentionner n'apparait pas évidente, lesdites descriptions, fréquentes pourtant, ne tendant vers pas grand chose digne d'intérêt.
Mais ca n'engage que moi.