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La Confrérie des Libraires Extraordinaires
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10 mars 2009

Le coeur à genoux

geyserPrenons un adolescent. Ou plutot un jeune adulte. La vingtaine, à peine. Attifons le d'un jean à la mode, d'une veste chère et d'une chemise à rayures discrètes (rouges, disons). Coiffons le en mettent sur le côté sa mèche blonde et laissons lui une barbe de trois jours pour qu'il s'imagine ne pas se raser pas tous les jours même s'il taille son duvet de trois jours pour que ca ait l'air négligé. Nous avons donc un parfait jeune minet aseptisé du seizième arrondissement de Paris. Appelons le Aymeric. Et mettons le au féminin. Nous obtenons Alexandra Geyser.

Alexandra Geyser livre un bouquin assez mauvais. Il y est question d'une allumeuse lamentable qui drague des tchèques lamentables et couche lamentablement. Dans un style, lamentable également, Geyser nous sort une histoire répondant à tous les stéréotype des post-ados du seizième (d'où Aymeric, qui n'a rien à voir avec le roman, mais qui est en quelque sorte le jeune habitant moyen de ces quartiers).
Stylistiquement, Le coeur à genoux fait l'affaire quelques lignes. On se dit qu'une page écrite comme ca, c'est pas mal. Mais le problème est que toutes les pages se ressemblent, disent la même chose, de la même manière. Ca parle de sexe comme un ado vierge en parle: "Je bande, je suis amoureux"/"Je mouille, je suis amoureuse". On peut même s'apercevoir après deux chapitres qu'on vient de plonger dans une piscine sans eau, ou suffisamment peu pour garder l'ongle du gros orteil tout sec.

La construction, elle aussi, est à revoir. Non pas parce qu'elle est nulle, mais parce qu'elle ne se contente pas de l'être.
Pour faire simple, chaque chapitre donne un point de vue et un narrateur différent. On peut se dire que c'est bien, que ca donne du rythme au récit, mais même pas. Ou alors, tous les personnages dans le monde s'expriment de la même manière et pensent pareil, ce qui là encore fait penser au marasme argentouillé du seizième. On passe de la petite nympho mineure au barman tchèque sans s'en apercevoir, tout est écrit pareil et le livre en arrive à être aseptisé et à devenir un oscilloscope éteint. Ou un encéphalogramme plat, ca marche aussi.
Pour ce qui est de l'homogéneité, donc, on repassera, d'autant plus que Geyser s'essaye à la poésie, en intercalant au pif quelques vers qui ne sont pas sans rappeler les lignes les plus pompeuses de Florian Zeller. C'est creux et prétentieux. C'est vide et vain. Comme Zeller et comme le seizième. Quoique Zeller a l'avantage d'avoir un ou deux amateurs qui font qu'on trouve ses bouquins relativement facilement, ce qui ne sera probablement pas le cas de Geyser.

La conclusion de départ, que j'avais imaginé en lisant le bouquin était de dire que je suis courageux d'être allé au bout, mais j'espère que si j'avoue m'être arrêté avant la centième page, vous ne n'en voudrez pas. Je n'aime pas les auteurs persuadés d'être bons, au point de s'écouter écrire, et précisant même entre parenthèses que la phrase précédente est une figure de style, et ce qu'il faut y lire.
Pourtant, c'aurait pu être bien si elle avait su se débarasser de sa prétention adolescente, et si elle avait lu de bon auteurs, aussi, ce qui aurait pu lui souffler à l'oreille quelques procédés littéraires plus sérieux que le seul qu'elle connait.

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