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La Confrérie des Libraires Extraordinaires
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5 février 2009

Ô funeste jour

Qu'on me permette, cet article a peine ébauché, de (déjà) m'insurger !
Il y a quelques jours, je me suis convaincu avec tristesse de l'indispensabilité de poster quelque chose sur la fermeture définitive de la Librairie Bertrand, j'en avais même les premier mots. Et puis, je me suis mis en tête de trouver une illustration pour accompagner le texte et ai entamé une battue de grande envergure sur Google, et vous savez quoi ? Heureusement que la mairie du XVIIe est là pour mettre sur Internet (qui, allez savoir pourquoi, est un nom propre...) des photos de la devanture de Bertrand, sans quoi, je serais revenu bredouille. Et pourquoi que personne d'autre n'en a ? Pour réparer cette bourde commune à l'ensemble des internautes, je vais illustrer mon article grâce à la petite image trouvée sur une page de la mairie. Non mais des fois !
Bon, ben je reprends, du coup.
ô funeste jour... oui, bon, je vous l'accorde, je n'avais que les trois premiers mots, mais ils sont pour autant parfaitement adéquat. Allons y plutôt sans fioritures. La librairie Bertrand ferme ses portes... Attendez, on la refait: la librairie Bertrand ferme sa porte définitivement après plus de plein d'années de partage de bons bouquins avec les clients. On peut même dire que si le quartier lit, c'est grâce aux décénnies de travail de Bertrand rue Poncelet. Et si vous pouvez lire ces lignes divines, c'est aussi grâce à lui, mais indirectement. Parce que s'il n'avait pas été là, ma famille n'aurait pas autant de bouquins, donc, il y en aurait eu moins quand je j'ai hurlé la première fois (parce qu'on m'avait sorti trop tôt du liquide amyotique, mais bon...) et donc, je ne serais probablement pas devenu libraire. Donc, si monsieur Bertrand, il y a longtemps, avait préféré la librairie à la boucherie ou à l'escrime (par exemple, mais si vous préférez fleuriste ou dessinateur, plombier ou catcheur, représentant en shampooings ou dentiste, prof en maternelle ou même auteur de livres pour enfants, ca peut s'envisager aussi) eh ben j'en arriverais pas à me lamenter sur la fermeture de la seule librairie du quartier qui tient la route.
Parce que oui, lecteur, c'est pas grâce à Ars Una en face du lycée Carnot qui vend du parascolaire et des stylo Hello Kitty ni grâce à Lamartine qui vend du Gossip Girl et du Artemis Fowl entre deux Amélie Nothomb qu'on va se prendre à rêver en découvrant de nouveaux auteurs !
Alors, tu vas me dire, lecteur (si tu permets que je te tutoie) que je suis mauvaise langue et qu'il faut voir le bon côté des choses, je ne serais plus à découvert à la fin du mois, à partir de maintenant. Mais attention, sache que depuis que j'ai un vrai boulot, j'ai du pognon et que c'était précisément pour ca que je pouvais me permettre d'entrer plus régulièrement dans une librairie où les livre respirent tellement fort que tu as l'impression de respierer des vapeurs d'alcool, mais en plus littéraire. Tu en ressortais ivre de lettres et tu jonglais avec les mots, tu soulevais une merveille pour en découvrir une autre, et puis, un jour, tu t'es apercu que c'était trop tard: tu n'avais pas vraiment eu le temps de profiter clairement de la Librairie A. Bertrand du 23 rue Poncelet, la faute à une errance littéraire sans doute due à l'adolescence, à des problèmes de trésorerie, à une arrivée sur Paris trop tardive si on la compare à la durée de vie de la librairie en question.
Mais qu'à cela ne tienne, tu n'as pas eu le temps de connaître le libraire et la librairie aurant que tu l'aurais souhaité, mais Monsieur Bertrand est malin, il a réussi, avant même ta naissance et subtilement après, à te mettre dans les mains de quoi assurer sa relève à lui. Comme quoi, fluctuat nec mergitur (j'ai jamais pu la replacer ailleurs, celle là !), il t'a fait gouter des trucs (des livres, j'entends) qui font que toi, tu te retrouves dans sa position et que du coup, tu peux attirer dans un bouquin l'ado qui erre comme tu errais à son âge au lieu d'aller en librairie, tu as loupé le coche de peu mais c'est un apprentissage efficace: grâce à ca, tu pourras éviter à un ado de faire trop peu de chose, tu pourras l'attirer dans le bouquin en général et lui faire découvrir à temps ce que tu as découvert trop tard.
Ah oui, tu es arrivé trop tard pour le loisir mais juste à temps pour la découverte. A bien y réfléchir, ca a été jusqu'à avant ton boulot actuel la vraie expérience en librairie satisfaisante. Professionnellement parlant, la seule expérience significative en librairie a été trop tranquille pour être profitable et les autres sont trop béantes (mais variées) pour être profitable, et même si tu n'as jamais bossé dans la librairie de Monsieur Bertrand, tu l'as suffisamment fréquentée pour pouvoir remarquer le caractère profitable des relations tissées entre la librairie, le libraire et toi.
Ah, certes, c'est une fin, c'est dommage, mais c'est désormais à toi (oui, je sais, mais j'estime avoir le drot de me tutoyer moi même) qu'il incombe de faire aussi bien. Allez, hop !

librairie_bertrand

Adnihilo, new generation

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